Henri Proglio dévoile ses priorités

Cela n'a pas traîné. Après trente-sept ans dans le privé, Henri Proglio a déjà appris, non sans douleur, à composer avec une tutelle publique. Après la violente polémique suscitée par son double mandat et sa double rémunération à la tête de Veolia et d'EDF, le nouveau patron de l'électricien recule désormais sur son projet de rapprochement capitalistique entre les deux groupes. « Ce n'est pas une urgence, ni une priorit頻, a-t-il déclaré jeudi. Lors de sa désignation à la tête d'EDF par le chef de l'État fin septembre, Henri Proglio avait pourtant vendu son projet de faire d'EDF le premier actionnaire de Veolia, avec 15 % du capital, d'ici à la fin du premier semestre 2010. Dans son entourage, on évoque désormais la fin de l'année comme éventuelle échéance.Pour autant, même s'il a dû se résoudre à confirmer qu'il ne resterait à la présidence du conseil d'administration de Veolia que « quelques mois », Henri Proglio reste encore attaché à son ancienne maison. Il persiste dans sa conviction qu'il existe « une convergence industrielle et des synergies possibles » entre Veolia et EDF. « Ces deux leaders mondiaux, tous deux en charge de la gestion de services publics, ont les mêmes clients, la même tutelle. Ils sont complémentaires » insiste-t-il. « Les partenariats sont plus que jamais d'actualité au niveau industriel », ajoute-t-il en citant les certificats d'économies d'énergie, la voiture électrique ou les énergies décentralisées. « On en reparlera rapidement », promet-il.Inspiré peut-être par la forte expansion internationale réalisée sous sa houlette par Veolia, Henri Proglio a confirmé qu'EDF a vocation à être le « capitaine » de la filière nucléaire française à l'export. « Ça ne veut pas dire ?sélectionneur?, mais ?coordinateur? des efforts de la filière afin de la rendre plus efficace », a-t-il précisé. Une référence à l'échec récent du consortium français mené par Areva à l'appel d'offres de 40 milliards de dollars lancé par Abu Dhabi.Flexibilité financièreL'électricien, qui réalise déjà 48 % de son chiffre d'affaires à l'international, « doit proposer partout dans le monde plusieurs outils de production nucléaire, thermique, hydraulique et son expertise dans la distribution et la gestion de l'énergie », a ajouté Henri Proglio. Son conseil d'administration vient d'approuver la remise d'une offre engageante à un appel d'offres marocain pour une centrale à charbon « supercritique » (deux fois 660 MW), en partenariat avec un électricien chinois.Toujours dans la lignée de la stratégie qu'il avait bâtie pour Veolia, Henri Proglio a affirmé que la « dette en valeur absolue n'a guerre d'importance ». Celle d'EDF est passée de 24,5 à 42,5 milliards d'euros, sous l'effet de l'achat de British Energy. « Notre objectif est de conserver un ratio dette nette sur Ebitda entre 2,5 et 3. L'important est de garder la flexibilité financière nécessaire pour nos ambitions », a-t-il déclaré. Le programme de cession de 5 milliards d'actifs prévu par son prédécesseur est mis sous le boisseau. Retrouver le lustre d'antan« On n'en a pas besoin, mais cela peut être un élément d'accompagnement. » Il soumettra d'ici à la fin mars sa décision sur la vente éventuelle du réseau de distribution britannique.Affichant enfin sa volonté de redonner à EDF sa dimension industrielle, thème qui fait florès en interne, Henri Proglio a confirmé que sa priorité reste l'amélioration du taux de disponibilité du parc nucléaire français, avec l'objectif de le porter de 78 % à 85 % d'ici trois ans, avec un gain de 1,5 à 2 points dès 2010. Et de pallier le départ à la retraite de 40 % des cadres du groupe dans les cinq ans.
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