« Sans sa femme, aucun homme n'a pu arriver à la Maison-Blanche »

À en croire l'adage, derrière la réussite de chaque homme, se cache une femme. Partant de ce principe, la journaliste Kati Marton a enquêté sur treize couples présidentiels américains emblématiques du XXe siècle, interrogeant à chaque fois le rôle de Madame pendant le mandat de Monsieur. Foin de ragots dans ce « Femmes d'influence ». Mais une analyse politique pointue, passionnante, ultradocumentée parfois inattendue sur les « First Ladies ». Rencontre avec l'auteur.Est-ce l'arrivée de Michelle Obama qui vous a donné envie d'écrire ce livre ?Non. L'envie m'est venue pendant la présidence de Bill Clinton. Car Hillary a redéfini le rôle de « First Lady ». Elle a d'abord fait une erreur en voulant transformer sa fonction en métier. Il lui a fallu l'échec de la réforme de la santé pour comprendre que ce rôle est très puissant mais symbolique. Elle a aussi compris qu'il lui faudrait se faire élire. J'ai de la sympathie pour ces femmes que j'ai interviewées. Peut-être parce que j'ai moi-même épousé un homme politique [Richard Holbrooke, l'envoyé spécial d'Obama pour l'Afghanistan et le Pakistan, Ndlr].Y a-t-il quelque chose de commun à toutes ces femmes ?Ces couples se sont formés à la politique ensemble et se devaient d'être solides. La Maison-Blanche peut être très dangereuse. Les époux y sont entourés de serviteurs. Ces femmes sont souvent les seules à pouvoir dire les choses désagréables au président.Quels sont celles qui ont influencé le cours de l'Histoire ?Eleanor Roosevelt dont le mari est resté douze ans au pouvoir. Elle était aussi moderne, n'hésitant pas à aller dans les mines pour raconter ensuite au président ce qu'elle y avait vu. Mais elle n'est pas parvenue à lui pardonner son adultère. Jackie Kennedy, à 31 ans, avait saisi que l'Amérique était devenu le centre du monde et que la Maison-Blanche pouvait être le Versailles du XXe siècle. Betty Ford n'a pas hésité à parler de marijuana et de la dépendance aux médicaments. Michelle Obama a compris que son pays avait besoin de renouveler son image. Laura Bush, par contre, n'a pas su saisir son moment. C'est une femme ordinaire sans passion. Au fond, les présidences réussies sont celles dont les couples ont compris et reflété leur époque.Et l'amour dans tout ça ?Ça joue au début, bien sûr. Mais le grand amour de ces couples, c'est la politique. Reste qu'aucun homme n'a pu arriver à la Maison-Blanche sans l'aide de sa femme. Propos recueillis par Yasmine Youssi« Femmes d'influence », Éditions Tchou, 424  pages.
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