Le capteur qui aide à économiser le carburant

En attendant le véhicule électrique, de nombreuses entreprises planchent sur l'amélioration des performances des moteurs thermiques. Une centaine en Europe et pas moins d'un million dans le monde, à en croire Jean-François Fourt, fondateur du fonds d'investissement Trufle Capital. Lui qui suit ces sujets depuis près de 25 ans, vient d'investir 2,5 millions d'euros dans la jeune société française SP3H. Cette PME d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), fondée en 2005 par Alain Lunati et plusieurs de ses anciens collègues du pétrolier BP, propose un capteur optique capable d'analyser en temps réel la qualité du carburant en détaillant sa structure moléculaire par lecture infrarouge, puis de transmettre ces informations à l'ECU (« electric control unit ») du véhicule. C'est cet ordinateur qui analyse toutes sortes d'informations fournies par le véhicule.réglage du moteurBut de l'opération ? Adapter le réglage du moteur, pour des économies de carburant et d'émissions carbone de 5 % à 10 %. « Aujourd'hui, l'ordinateur fonctionne sur la base de moyennes, sans prendre en compte la variabilité des qualités de carburants. Celle-ci existe à l'intérieur même de l'Europe, mais dans les pays émergents, de nombreux retours de véhicules encore sous garantie viennent grever les marges des constructeurs ». Autre atout du capteur SP3H, il pourrait favoriser un déploiement plus rapide des nouveaux carburants. « Dès que l'on dépasse 10 % de bio, il faut modifier la cartographie », affirme Alain Lunati. Dans le cas contraire, ces biocarburants seraient même plus polluants que les carburants traditionnels. Même chose pour les nouveaux modes de combustion dits « à combustion homogène », qui peuvent générer jusqu'à 30 % d'économies, à condition que le moteur prenne en compte leurs spécificités.Coût limitéDe quoi convaincre constructeurs automobiles et grands équipementiers de série, avec lesquels SP3H a déjà développé quatre prototypes en quatre ans. Des partenariats ont été développés avec plusieurs des 10 premiers constructeurs auto-moto mondiaux pour adapter les véhicules. Les fonds levés auprès de Trufle Capital vont permettre la mise au point de prototypes industriels, avec comme objectif la commercialisation dans les trois ans. Les nouvelles normes carburant Euro 6, prévues pour 2014, prendront en compte de nouvelles émissions polluantes comme les oxydes d'azote (NOx), que la solution SP3H peut réduire de 15 % à 20 %. Le système initialement développé pour l'industrie du raffinage, miniaturisé, s'ajoute au moteur sans nécessiter sa refonte complète. À l'arrivée, le coût unitaire ne devrait pas dépasser les 30 euros par véhicule.
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