35 milliards d'euros : cette somme suffirait au capital-investissement pour redémarrer

L\'épargne financière des Français, qui se monte à 3.600 milliards d\'euros, suscite bien des convoitises. Notamment celle du capital-investissement. Et pour cause ! En 2012, les sociétés françaises de private equity - qui placent dans des entreprises non cotées l\'argent confié par des investisseurs - ont levé 5 milliards d\'euros seulement. Un montant qui représente une chute de 22% par rapport à 2011, selon l\'Afic (association nationale des investisseurs pour la croissance). Et presque ridicule colmparé aux 12,7 milliards d\'euros levés en 2008, avant le déclenchement de la crise financière.Un plongeon de 75% à 79% des fonds levés auprès des banques et des assureursA l\'origine de cet assèchement des ressources du capital-investissement : les futures réglementations dites de Bâle III et de Solvabilité II, qui, afin d\'éviter une répétition de la crise financière de 2008, exigeront respectivement des banques et des assureurs de détenir davantage de fonds propres en face d\'engagements jugés particulièrement risqués, comme le capital-investissement. Conséquence, les banques et les sociétés d\'assurance, qui étaient jusqu\'alors les principaux pourvoyeurs de fonds du private equity français, ont réduit leurs allocations à cette classe d\'actifs : de 2008 à 2012, les fonds levés par le capital-investissement auprès des banques ont plongé de 79%, et les capitaux récoltés auprès des assureurs ont dégringolé de 75%.« Notre métier ne consiste pas à dépecer des entreprises »Ses réserves fondant à vue d\'œil, les investissements du private equity français suivent le même chemin. L\'an dernier, ils ont chuté de 38%, à 6 milliards d\'euros. Une mauvaise nouvelle pour les PME françaises, qui recueillent, bon an mal an, plus de 80% des investissements du private equity. Afin de remédier à cette situation, l\'Afic plaide régulièrement pour une meilleure orientation de l\'épargne financière des Français, gérée par les banques, les assureurs et autres investisseurs institutionnels français, vers le capital-investissement. Aujourd\'hui, l\'association a enfin le sentiment d\'être entendue. Ou presque. « Les rapports Gallois (sur la compétitivité), Berger-Lefebvre (sur l\'épargne) et Beylat-Tambourin (sur l\'innovation), commandés par le gouvernement, reconnaissent l\'utilité du capital-investissement. Nous avons réussi à faire comprendre que notre métier ne consistait pas à dépecer des entreprises », se réjouit Louis Godron, président de l\'Afic.De fait, le rapport Gallois, qui estime que le manque de compétitivité des entreprises françaises provient en partie de l\'insuffisance de leurs fonds propres, recommande de drainer une partie de l\'épargne financière des Français vers le capital-investissement. Une conclusion qui figure également parmi les 44 propositions remises le 9 avril à Fleur Pellerin, la ministre déléguée aux PME, dans le cadre des Assises de l\'entrepreneuriat.35 milliards d\'euros, une « bagatelle » face aux actifs des institutionnels françaisPour Louis Godron, une meilleure orientation de l\'épargne financière des ménages vers le capital-investissement semble d\'autant moins problématique que ce dernier, tout bien pesé, n\'a pas besoin de grand-chose. « Si les investisseurs institutionnels français nous apportaient 35 milliards d\'euros, cela suffirait à faire redémarrer le capital-investissement », affirme le patron de l\'Afic. Cette somme correspond, dans les grandes lignes, à l\'investissement annuel moyen du private equity dans l\'économie française - soit 11 milliards d\'euros -, défalqué des ressources que les investisseurs étrangers, les particuliers, les industriels et le secteur public apportent chaque année au capital-investissement (6 milliards, au total). Au résultat de cette soustraction, soit 5 milliards d\'euros, l\'Afic applique ensuite un ratio de conversion de 7, afin d\'évaluer le stock de capital correspondant. Lequel ressort ainsi à 35 milliards d\'euros.Et il est vrai que 35 milliards d\'euros représentent peu de chose face aux 1.881 milliards d\'euros d\'actifs des assureurs français, et aux 6.120 milliards d\'euros d\'actifs des banques françaises. « « Ce n\'est pas parce que les institutionnels français mettront 2% à 3% de leurs actifs dans le capital-investissement que cela déstabilisera leurs bilans, c\'est de la blague, personne ne peut y croire ! », s\'emporte Louis Godron. Qui attend désormais, au-delà des recommandations des différents rapports, « des mesures décisives, concrètes et rapides. » 
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