C'est un ordre, ne remplissez aucun engagement tant que nous ne serons pas membres à part entière [de l'OMC] ! », a lancé le Premier ministre russe Vladimir Poutine, très irrité, vendredi lors d'une réunion du cabinet ministérielle, coupant la parole au vice-ministre de l'Économie Andreï Klepatch, qui se plaignait du tort causé au secteur de la machine-outil russe par la concurrence des équipements chinois. Ce dernier expliquait que la Russie avait « les mains liées » par les négociations sur l'accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui lui interdisaient de majorer les taxes d'importations. Cette colère explose après une période d'apaisement dans les discussions sur les modalités d'adhésion de Moscou à l'organisation. Le Kremlin pensait conclure ce printemps. En 2009, alors que le président Dmitri Medvedev garantissait une accession imminente, Vladimir Poutine avait torpillé les négociations en annonçant que son pays n'entrerait que de concert avec le Belarus et le Kazakhstan. Une condition depuis abandonnée par Moscou mais qui a fait perdre deux ans aux négociateurs. TransparencePeu compétitive, l'industrie manufacturière russe voit dans l'OMC une menace. Des groupes métallurgiques comme RusAl craignent une libéralisation - inhérente à l'adhésion à l'OMC - du marché de l'électricité, qui fera disparaître leur avantage comparatif. Les exportateurs de matières premières ne seront pas davantage protégés des mesures anti dumping. Quant au gouvernement, il sera forcé de faire preuve d?une transparence accrue dans les commandes d'État, ce qui n'est pas forcément dans l'intérêt de certains hauts fonctionnaires. La Russie tente sans succès d'intégrer l'OMC depuis dix-huit ans, c'est l'unique économie majeure dans ce cas. Une anomalie qui devrait perdurer.

latribune.fr

11 Avr 2011, 21:24

Partager :