Retraites  :  le pouvoir lance un chantier à haut risque

Nicolas Sarkozy en parle depuis des mois. Il n'est pas loin d'évoquer la « mère des réformes ». Ce lundi marquera le lancement du processus de réforme des retraites. Le ministre du Travail, Eric Woerth, recevra rue de Grenelle les représentants des principaux syndicats, patronaux et de salariés. Et, mercredi, le Conseil d'orientation des retraites (COR) présentera les nouvelles perspectives financières des différents régimes assurant le versement des pensions. Tout ira ensuite très vite, puisque Nicolas Sarkozy évoque l'annonce des grandes lignes de la réforme « fin mai, début juin ». Une réforme forcément difficile, qui durcira les conditions d'accès à la retraite. D'où la volonté d'éviter de braquer les syndicats, d'entrée de jeu. Tel a été l'objectif du gouvernement ces derniers jours. «?les riches?» à contributionLa petite phrase de l'Elysée concernant un « prélèvement spécifique sur une catégorie de la population » (comprendre, les riches), et la demande faite au COR de ne pas envisager d'ores et déjà des hypothèses de réforme - il présentera donc, seulement, les perspectives financières en l'Etat actuel de la législation - participent de cette volonté d'apaisement. De même que la déclaration, hier, du secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron : « On ne peut pas faire un préalable » de l'harmonisation des retraites entre la fonction publique et le privé, a-t-il dit. Evidemment, l'exécutif joue gros sur ce sujet. La réussite, ou non, de cette réforme, déterminera largement la suite des événements, s'agissant du gouvernement. François Fillon, qui n'a de cesse d'investir le dossier, va devoir composer avec les grandes ambitions du ministre du Travail, Eric Woerth, qui en a officiellement la charge, y compris pour les questions de fonction publique.Quels en seront les objectifs ? Nicolas Sarkozy refuse l'idée d'une baisse des pensions, même si, de fait, le niveau de celles-ci tend déjà à s'éroder (voir ci-dessous). Son souhait d'un nouveau prélèvement sur une « catégorie de la population » entre en contradiction avec son refus de toute hausse d'impôt. Mais le nouvel impôt retraite ne concernera qu'une petite partie de la population. Il aura surtout une valeur symbolique. Comment alors, boucher le trou, estimé à 100 milliards d'euros à l'horizon de 2050 par François Fillon, un chiffre que le COR devrait confirmer ? En charge de la précédente réforme, l'actuel Premier ministre avait prévu une hausse des cotisations en compensation de la baisse de celles finançant l'assurance chômage. Ce mouvement de bascule a été annulé, devant la situation de l'emploi. Il sera difficile de le présenter à nouveau, tel quel.Le gouvernement veut pousser les Français à travailler plus longtemps. Reculer l'âge de départ en retraite au-delà de 60 ans donnerait un signal positif en faveur de l'emploi des seniors, et permettrait d'éviter un nouveau prélèvement important sur les actifs, mal vécu, et mauvais pour la croissance. Ce recul serait combiné avec une hausse de la durée minimale de cotisation (41 ans en 2012). Cet allongement de la vie active devra tenir compte de la pénibilité de certains métiers, si le gouvernement veut éviter une opposition frontale à sa réforme.
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