Le départ de Patrick Pélata provoque une onde de choc chez Renault

Patrick Pélata sacrifié, Carlos Ghosn sauve sa peau. Pas sûr que ce cocktail détonnant soit très apprécié au sein de l'entreprise! Au terme de la fausse affaire d'espionnage, le directeur général délégué, en charge des opérations depuis octobre 2008, paie les pots cassés. Après qu'une première offre de démission a été refusée à la mi-mars. Ce proche de Carlos Ghosn depuis le début de l'aventure Nissan en 1999 était, il est vrai, monté en première ligne début janvier 2011 pour justifier le licenciement des... espions présumés, trois cadres dirigeants de Renault aujourd'hui reconnus innocents. Patrick Pélata se verra « proposer d'autres fonctions au sein de l'Alliance Renault-Nissan », selon le communiqué de Renault. C'est l'annonce la plus spectaculaire intervenue lundi après-midi, suite à la réunion d'un conseil d'administration extraordinaire qui devait examiner les premières conclusions des deux audits sur la rocambolesque affaire qui a ridiculisé le constructeur automobile. Jean-Yves Coudriou, directeur des cadres dirigeants, et Christian Husson, directeur juridique, sont relevés pour leur part de leurs fonctions. Il en est de même pour Laurence Dors, secrétaire générale. Rémy Pagnie, directeur de la protection et de la sécurité du groupe ainsi que deux de ses collaborateurs, quitteront aussi l'entreprise.Accord avec les trois cadresRenault affirme par ailleurs être parvenu à « un accord de principe avec Michel Balthazard, Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochette ». Selon l'hebdomadaire « Marianne », les trois cadres réclameraient 9 millions d'euros de dommages pour préjudice moral. Au total, l'ex-Régie pourrait leur devoir plus de 11 millions! Le Conseil d'administration s'est « félicité de l'issue positive des négociations dont il approuve, à l'unanimité, le règlement final »... qui n'a pas été communiqué. Néanmoins, selon l'agence Reuters, les concessions salariales annoncées le 14 mars par les dirigeants de Renault devraient suffire à financer l'indemnisation. Carlos Ghosn et Patrick Pélata avaient annoncé renoncer à la part variable de leur rémunération acquise au titre de 2010 - soit 1,6 million d'euros pour Carlos Ghosn - et à tout bénéfice de stock-options pour 2011.En outre, Renault est parvenu également à un accord avec Philippe Clogenson concernant le préjudice que celui-ci avait précédemment subi à l'occasion de son licenciement en 2009. Ce dernier sera de retour chez Renault à compter en qualité de directeur du « Business development de Renault Consulting » (en charabia franglais dans le texte !).Ce bouleversement intervient alors même que l'état d'esprit au sein de Renault commençait... à s'améliorer. Grâce, justement, au travail de Patrick Pélata, propulsé il y a deux ans et demi au sommet pour « humaniser » une entreprise traumatisée par les méthodes de choc de Carlos Ghosn. On se rappelle notamment la vague de suicides au Technocentre de Guyancourt, révélateur d'un malaise et d'un niveau de stress jugés insupportables. Homme du sérail, jugé ouvert, simple, accessible, « anti-vedette », Patrick Pélata était parvenu à réconcilier avec elle-même une firme à la culture d'entreprise forte, passionnelle, politique en raison des liens traditionnels avec l'Etat qui en détient toujours 15 %, prête à s'enthousiasmer rapidement pour un projet comme à se déprimer tout aussi brutalement. Tout est à recommencer.De leur côté Christine Lagarde, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et Eric Besson, ministre en charge de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, ont dit « prendre acte des décisions prises par le conseil d'administration de Renault ». Ce sont eux qui ont demandé le 17 mars à la direction du groupe le lancement d'un audit pour identifier les dysfonctionnements qui ont conduit à ce fiasco. Les deux ministres affirment « avoir prévu de faire avec Carlos Ghosn dans les prochains mois le point sur la stratégie industrielle de nature à renforcer l'alliance Renault Nissan ».
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