Sus aux riches !

Nicolas Sarkozy confirmera la semaine prochaine que les "hauts revenus" seront mis à contribution pour participer au financement des retraites en alimentant le Fonds de solidarité vieillesse (FSV). Son Premier ministre, François Fillon, s'est lancé, lui, dans le rabotage des niches fiscales, une réforme qui touchera principalement ces mêmes hauts revenus. Ironie de l'histoire, voici quelques mois encore, ce même président et ce même premier ministre vantaient les vertus du bouclier fiscal et la quasi-suppression des droits de succession. Rigueur généraliséeMais en ces temps de rigueur généralisée, les plus riches sont invités à contribuer en premier à l'effort collectif d'après crise. Le "travailler plus pour gagner plus" des débuts du quinquennat s'est mué en "travailler plus pour payer plus d'impôts afin de réduire les déficits". Selon un récent sondage Obea-Infraforces pour le quotidien gratuit 20 minutes et France info, 82% des Français se disent d'ailleurs favorables à une hausse de l'impôt sur le revenu pour les plus riches. On imaginait mal qu'ils répondent que les plus pauvres devraient être les premiers à payer...Haine des richesC'est bien connu, les Français ont toujours eu un problème avec les riches. Mais cette fois la France n'est la seule à les mettre sur la sellette. Le Portugal vient d'alourdir son impôt sur la fortune tout en créant une nouvelle tranche d'imposition des revenus à 45%. La Grande-Bretagne s'est dotée, avant les dernières élections, d'une nouvelle tranche à 51%. L'Irlande et l'Espagne veulent revoir leur fiscalité. En Allemagne, la Chancelière Angela Merkel, qui vient de présenter un plan drastique d'économies budgétaires mais volontairement sans hausse d'impôts, a bien du mal à résister aux pressions d'une partie de l'opinion qui réclame l'augmentation de la contribution financière des plus aisés.Bouclier fiscal ébréchéAu plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy ne peut faire autrement que de "lâcher les riches". Au moment ou il joue gros avec la réforme des retraites pour la fin de son quinquennat, sa défense jusque là sans faille du bouclier fiscal ne passe plus, y compris parmi ses élus et ses électeurs. D'où son annonce d'une contribution à la charge des plus favorisés et le projet de réforme des niches fiscales dans le budget 2011, qui n'est autre qu'une augmentation d'impôt déguisée pour les classes aisées. Indirectement, l'UMP vient de lui emboiter le pas en faisant de la défense des classes moyennes, "celles qui sont trop pauvres pour être riches et trop riches pour être pauvres", dixit Nicolas Sarkozy sa grande priorité pour son programme de 2012. Très loin donc du bouclier fiscal. Mais l'Elysée et l'UMP peuvent-ils laisser à la gauche le monopole de la défense des classes moyennes ? Le programme du PS pour 2012 adopté voici quinze jours promet d'accroître les prélèvements sur les plus fortunés en cas de victoire. A-t-on entendu l'UMP critiquer ce projet ? En filigranne, ce serait plutôt du côté des supporters de Dominique Strauss-Kahn qu'il faut chercher des défenseurs des hauts revenus....6 456 ou 11000 euros ? Les riches vont donc passer à la caisse. Reste encore à savoir qui sont ces riches. La question du seuil est en effet essentielle : si on place le curseur très haut, une infime proportion des hauts revenus sera touchée. Ce qui permettrait au président de dire qu'il fait contribuer les privilégiés en épargnant dans les faits une majorité d'entre eux. Pour les Français, la richesse commence bien bas : à 6456 euros nets par mois pour un couple -apprécions la précision du chiffre-selon un sondage Ipsos publié fin mai par France Soir. Fin 2009, François Hollande était plus généreux puisqu'il estimait la fortune à 8 000 euros nets pour un couple. François Baroin, l'actuel ministre du Budget, évalue le seuil à 10 000 euros. Le gouvernement travaillerait sur une hypothèse voisine puisque le seuil de déclenchement de la contribution pour les retraites serait un revenu fiscal de 11 000 euros par mois. Dans ce cas, 100 000 foyers seraient considérés comme appartenant à l'heureuse caste des riches. 100 000, c'est à peine la population du XVIeme arrondissement.
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