Fonds monétaires américains  :  la baisse des encours continue

Par Thierry SerrouyaEn décembre 2009, les fonds monétaires américains comptaient 3.300 milliards de dollars d'encours sous gestion, selon des données de Investment Company Institute (association américaine des sociétés d'investissement). Six mois plus tard, cette industrie affiche 2.810 milliards de dollars, soit une baisse de 500 milliards de dollars. Depuis un plus haut atteint fin 2008, la chute des actifs sous gestion de l'industrie s'établit à 1.000 milliards de dollars. La baisse enregistrée au premier semestre 2010 est équivalente à celle observée en 2009. Et la situation ne devrait pas se redresser, estiment de nombreux professionnels. La principale explication de la désaffection des investisseurs, particuliers et institutionnels, pour ce type de placement est le niveau extrêmement bas des taux. Cela fait quasiment 20 mois que les taux directeurs de la Réserve fédérale évoluent dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25%. De son côté, le taux Libor trois mois affiche un rendement de 0,52%. Conséquence : cette classe d'actifs est de moins en moins attractive. « Le taux de rendement moyen affiché depuis le début de l'année par ces fonds est inférieur ou égal à 10 points de base », indique Peter Rizzo, senior director de Standard & Poor's. Autant dire pas grand chose. Les investisseurs se sont tournés vers des classes d'actifs plus rémunératrices. Dans le même temps, l'appétit des fonds monétaires américains s'est porté sur les papiers courts plutôt que sur les émissions des institutions financières qui cherchent des financements à plus long terme. « Cela ne signifie pas qu'ils n'investissent pas à plus long terme, c'est-à-dire supérieur à 397 jours, mais qu'ils sont plus sélectifs quand ils le font », nuance Nathan Flanders, directeur général Fitch Ratings. Cette tendance semble se confirmer. L'agence de notation continue donc de surveiller l'impact que cela peut avoir sur la maturité de fonds mais aussi sur le profil de financement des institutions financières. L'industrie des fonds monétaires aux Etats-Unis connaît des turbulences depuis 2007, poussant les autorités américaines (la Securities and Exchange Commission et le President's Working Group on Financial Markets) à la réformer en proposant des amendements à la « Rule 2a-7 » [réglementation américaine sur ces produits, Ndlr]. Afin de mieux protéger les investisseurs et éviter les accidents de septembre 2008, de nouvelles règles, notamment sur la liquidité et la maturité des portefeuilles, ont été adoptées en janvier dernier. En vigueur depuis les mois de mai et juin, ces nouvelles règles réduisent de 90 jours à 60 jours la maturité moyenne pondérée des actifs des fonds monétaires, et imposent à ces derniers de détenir au moins 30% de leur portefeuille en instrument de maturité inférieure à 7 jours et 10% en « overnight » (au jour le jour). Et pour Peter Crane, président et éditeur de Crane Data LLC, « d'autres changements pourraient encore intervenir comme la création d'une banque d'échange de liquidités qui permettrait d'emprunter des fonds dans les situations d'urgence ».Sans attendre la nouvelle réglementation, de nombreux fonds s'étaient déjà adaptés en « améliorant la qualité du crédit, la liquidité du portefeuille et en mettant en place des stress tests », souligne Nathan Flanders. Fitch note, toutefois, un certain conservatisme dans ces nouvelles règles, ce qui ajoute une pression économique aux fonds. En effet, dans cet environnement de taux bas, de nombreuses sociétés de gestion ont renoncé à facturer des frais de gestion. Ou bien elles les réduisent fortement. C'est le cas de Gamco Investor qui charge son fonds monétaire à 0,08%. L'objectif étant, une fois les frais pratiqués, de servir un taux de rendement positif et ainsi éviter la fuite de clients. De même, cette pression économique a entraîné la fermeture ou la fusion de quelques fonds devenus peu rentables pour les sociétés de gestion. Ainsi, l'industrie recense, au 30 juin, 1.816 fonds contre 1.839 fin 2009.
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