L'Allemagne contrainte de réformer la santé

La santé avait échappé au plan de rigueur allemand en juin. Mais avec un déficit prévu de près de 11 milliards d'euros en 2011, Berlin ne pouvait faire l'économie d'un programme spécifique sur l'assurance-maladie. Le ministre de la santé Philipp Rösler a donc décidé de relever le taux de cotisation de 14,6 % à 15,5 % du salaire brut, à partir de 2011, pour fournir aux caisses d'assurance-maladie 6 milliards d'euros de recettes complémentaires. Il compte aussi obtenir plus de 3,5 milliards d'économies sur le prix des médicaments grâce à une régulation des hausses de prix. L'État fédéral ne devrait injecter dans le système de santé que 2 milliards d'euros en 2011. à partir de 2012, ce seront aux caisses elles-mêmes de combler les déficits par des hausses des cotisations complémentaires qui ne seront désormais plus plafonnées. 16 euros de plus par moisL'État ne compensera que les hausses de cotisations dépassant 2 % du salaire brut. Reste que, entre 2012 et 2014, les salariés devront payer 10 milliards d'euros, soit en moyenne 16 euros de plus par mois. En attendant, cette réforme va apporter une salutaire bouffée d'air aux comptes publics. L'institut RWI de Essen a calculé que le déficit au sens du Traité de Maastricht, qui inclut celui du système de santé, pourrait ainsi revenir aux 3 % exigés par le pacte de stabilité un an avant la date prévue par le gouvernement fédéral. Mais pour combien de temps ? Outre-Rhin, la réforme est critiquée pour son manque d'ambition, comme l'a été le plan de rigueur. Philipp Rösler qui avait annoncé une vaste réforme et l'introduction, notamment, d'une cotisation forfaitaire, s'est contenté, après les résistances au sein du camp chrétien-démocrate, et notamment de la CSU bavaroise, de revenir sur la baisse des cotisations décidée voici un an et demi par la Grande coalition. « Il ne reste plus rien de la grande réforme annoncée », constate Jochem Pimpertz, de l'institut IW de Cologne. Le caractère limité de l'effort sur les dépenses de santé et l'absence de vrais changements structurels sont mis en avant. Dès 2014, le système aura à nouveau besoin de 11 milliards ! Autant dire que l'on s'est contenté de transmettre le bébé au prochain gouvernement issu des élections de 2013. C'est donc encore l'incapacité du gouvernement Merkel, toujours soucieux de compromis en son sein et avec les professionnels, de mener des réformes en profondeur qui est montrée du doigt.
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