Si les sorcières de Salem sont restées dans l'histoire, celles du Berry ont longtemps inspiré peurs, épouvante et légendes alimentées par la plume alerte de George Sand. Au coeur du Pays Fort à Concressault, Serge Van Pouck et Brigitte Haond ont décidé d'ouvrir leur musée de la Sorcellerie dans un vaste corps de ferme. « C'était un pari audacieux, expliquent-ils, mais c'était peut-être un sujet trop sensible, alors personne n'a voulu nous aider. Nous l'avons réalisé entièrement seuls. » Un pari aujourd'hui réussi, avec près de 40.000 visiteurs annuels, ce qui en fait un des sites touristiques majeurs du Berry. Loin du folklore, les deux scénaristes ont voulu faire oeuvre historique, retracer le passé de la sorcellerie depuis les périodes grecques ou celtes jusqu'aux mythologies et croyances encore récentes, avec une dernière pendaison dans le Berry à la fin de x?xe siècle. « Nous n'avons reçu aucune critique d'historien, c'est ce qui nous réjouit », plaident les deux amateurs de Harry Potter. Sur 1.200 m2 d'expositions, ils retracent les grandes vagues de cet imaginaire qui a longtemps été meurtrier avec des procès célèbres. Mais le musée montre aussi des objets, des lieux, des documents historiques, des lettres de prisonniers ou un manuel anti sorcier de l'Inquisition. Point de prosélytisme pourtant?: « On entre ici avec ses croyances et l'on ressort avec, ce n'est pas notre problème. » On peut déambuler dans les salles obscures avec amusement ou scepticisme mais sans effroi. L'objectif n'est pas de faire peur?: les enfants y sont d'ailleurs les bienvenus y compris pour découvrir une école des sorciers ou le jardin des plantes de sorcières, belladone, digitale ou ciguë, qui poussent encore à foison dans ce Berry profond. Après ces petits frissons, l'entrée dans le Sancerrois apparaîtra ensuite comme une délivrance.J.-J. T.

latribune.fr

11 Août 2010, 23:25

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