La reprise d'Opel par Magna accueillie avec froideur

La victoire de Magna pour la reprise d'Opel inquiète. Un peu partout en Europe, on craint pour ses emplois et on dénonce « l'égoïsme » allemand. En Belgique, où Magna pourrait fermer le site d'Anvers et supprimer ses 2.000 emplois, le ministre des Finances fédéral, Didier Reynders, a réclamé de l'Union européenne une enquête sur un éventuel protectionnisme de Berlin. Même tonalité en Espagne où l'éditorialiste du quotidien madrilène « Expansión » estimait hier que « la décision de GM et l'attitude de Berlin montrent que les raisons politiques continuent trop souvent à s'imposer, et que l'Union européenne est une fiction où les intérêts particuliers l'emportent ». « rudes négociations »L'Espagne, plutôt favorable au concurrent de Magna, RHJI, est, après l'Allemagne, le pays où les salariés d'Opel sont les plus nombreux : 7.500 personnes travaillent dans l'usine de Figueruelas, près de Saragosse. Les syndicats craignent 1.700 suppressions d'emplois et une réduction de 35 % de la production annuelle. Ils annoncent donc une négociation très dure avec Magna et demandent aux pouvoirs publics de ne pas aider le repreneur avant de connaître ses intentions. Outre-Manche, les 5.000 employés de Vauxhall, la s?ur britannique d'Opel, ne cachent pas non plusleur inquiétude : 1.200 emplois seraient menacés. « Nous ne sommes pas prêts à accepter cela sans rien faire », affirme Ciaran Naidoo, du syndicat Unite.Certes, Magna tente de calmer le jeu. Il a promis qu'il voulait éviter la fermeture du site d'Anvers et a assuré le ministre britannique de l'Économie, Peter Mandelson, que les deux sites Vauxhall n'étaient pas menacés. Mais les syndicats s'inquiètent pour le moyen terme. Magna promet de conserver l'usine de Luton, au nord de Londres, jusqu'en 2013 seulement. « Que se passera-t-il après ? » interroge Ciaran Naidoo. Car il faudra bien réduire les coûts. Le projet de Magna envisagerait 10.000 suppressions de postes, soit un cinquième des emplois actuels du groupe.Paradoxalement, la méfiance est aussi présente en Allemagne où l'enthousiasme affiché jeudi par le gouvernement fédéral n'est guère partagé. Le syndicat IG Metall a dit s'attendre lui aussi à de « rudes négociations » avec Magna. Quant au leader du parti libéral, Guido Westerwelle, il craint de mauvaises surprises sur l'emploi après les élections du 27 septembre. Selon lui, l'annonce de jeudi ne visait qu'à renforcer électoralement la grande coalition au pouvoir.projet « trop risqué »Mais l'information la plus étonnante est venue de Manfred Wennemer, ancien patron de Continental et représentant de l'État dans le « trustee » qui gère aujourd'hui Opel. Il a voté jeudi contre la reprise par Magna, malgré l'avis du gouvernement, jugeant que le projet menait le constructeur à la faillite et faisait peser trop de risque à l'argent public. Une position qui a beaucoup irrité le gouvernement, lequel a répété que Magna « était la seule solution possible ».Malgré cette mauvaise humeur générale, Berlin va devoir désormais relever deux défis : convaincre la Commission européenne que son plan ne vise pas à défendre uniquement ses intérêts nationaux pour obtenir la validation de l'aide financière à Opel et obtenir des pays où se trouvent les autres sites Opel de participer au financement des 4,5 milliards d'euros promis. Mais il faudra, pour cela, avancer d'autres arguments que le sauvetage de l'usine d'Eisenach. Romaric Godin, à Francfort,Th. M., à Madrid, et E. A., à Londre
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