Les grands argentiers européens au chevet de l'économie

C'est grave docteur ? Nos gouvernants nous martelaient, il y a encore quelques mois seulement, que l'économie européenne était en bonne santé, que la crise financière qui secoue l'Amérique ne pouvait pas nous contaminer. Car nous étions immunisés puisque nos fameux " fondamentaux " étaient solides. Bref, la crise américaine devait sombrer dans les eaux profondes de l'Atlantique. La réalité est tout autre. L'économie européenne est aujourd'hui en déprime, l'Allemagne et l'Espagne étant même en récession. C'était donc plus grave qu'il n'y paraissait." TIRER LES LECONS DES ERREURS PASSEES" Les gouvernements, la Commission de Bruxelles et la Banque centrale européenne se sont tous trompés. " Nous devons tirer les leçons de nos erreurs passées ", s'est exclamé Joaquin Almunia, commissaire européen chargé des Affaires économiques et financières, en présentant, mercredi, les prévisions intermédiaires de l'exécutif européen. C'est justement pour s'atteler à cet exercice que les grands argentiers de l'Union européenne, ministres des Finances et banquiers centraux, se réunissent aujourd'hui et demain à Nice. L'objectif fixé par la présidence française de l'Union européenne : " Établir un diagnostic partagé de la situation ". Sans plus. D'ailleurs personne ne veut d'un plan de relance de l'économie, à commencer par la France. " Le temps est à la réforme, non à la relance ", a déclaré hier le Premier ministre François Fillon, se félicitant de ne pas avoir donné de au salaire minimum pour la deuxième année consécutive.Joaquin Almunia est du même avis. " Il est essentiel d'avancer dans le programme de réforme de l'Europe afin de pouvoir continuer à créer des emplois et à mieux faire face aux chocs extérieurs " , observe-t-il. Seuls les pays les plus vertueux sur le plan budgétaire, comme l'Espagne ou l'Irlande, pourraient se permettre de laisser glisser leur déficit pour amortir le choc de la crise économique. Ou encore l'Allemagne, dont les comptes publics ont été équilibrés en 2007.Mais aucun pays n'a obligation d'utiliser l'arme budgétaire, confie-t-on à Bruxelles. C'est d'ailleurs la position du gouvernement allemand qui, par ailleurs, voit d'un mauvais oeil les demandes émanant de Paris pour " approfondir le dialogue " avec la Banque centrale européenne. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, est même monté au créneau devant les députés européens pour rétorquer que l'Europe n'avait " besoin ni de nouvelles structures de gouvernance, ni de nouvelles instructions ". Christine Lagarde, la ministre des Finances française, qui conduira les débats à Nice, aura donc du mal à faire accepter sa proposition défendue dans La Tribune (notre édition du 1er septembre) : " Une rénovation de la relation " que les gouvernements ont avec la BCE.Quelle sera alors " la réponse coordonnée " au ralentissement économique voulue par la France ? Les ministres des Finances devraient, sans trop de difficulté, s'entendre à Nice pour " renforcer la stabilité et la solidité du système financier ". Comme tout le monde s'accorde à dire que la dépression économique est provoquée par la crise financière, parvenir à l'harmonisation de la supervision financière ne sera déjà pas une mince affaire.
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