Le CNRS lance sa nouvelle organisation

echercheIl aura fallu plus d'un an pour que le plan stratégique Horizon 2020 du CNRS soit décliné concrètement. Après l'adoption fin juin en conseil d'administration de son contrat d'objectifs 2009-2013 avec l'État, l'organisme de recherche s'apprête à remplacer ses 40 départements scientifiques par 10 instituts disciplinaires. Il attend pour cela la publication, dans les prochaines semaines, du décret, actuellement au Conseil d'État.Cette réorganisation suscite l'inquiétude des chercheurs. L'État souhaitant voir les organismes de recherche s'allier par disciplines pour répondre aux grandes priorités nationales (voir encadré), ils craignent un démantèlement du seul organisme pluridisciplinaire du pays, avec la mise sous tutelle de certaines thématiques par d'autres organismes (les sciences de la vie avec l'Inserm, l'informatique avec l'Inria). « Ce contrat d'objectifs met fin au rôle dirigeant du CNRS dans la recherche française et lui enlève l'essentiel de ses missions en tant que gestionnaire et réalisateur direct de la recherche », estime le collectif Indépendance des chercheurs qui vient de déposer un recours en annulation du contrat devant le Conseil d'État. Le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT) a lui-même demandé fin juin plusieurs modifications majeures du décret, souligne Jean-Luc Mazet, secrétaire général du SNCS-FSU. Pour Arnold Migus, directeur général du CNRS, « la question ne se pose pas en ces termes. Les grandes priorités nationales sont généralement transversales. D'où le concept d'alliances pour définir les programmations. Mais les logiques et les intérêts des uns et des autres sont préservés ».Transfert aux universitésL'autre crainte des chercheurs est de voir le CNRS appelé à devenir une agence de moyens (la recherche opérationnelle revenant aux universités), se désassocier petit à petit des unités mixtes de recherche (UMR) puisque, à terme, les UMR devront être gérées par leur « hébergeur », à savoir, dans 80 % des cas, l'université. Cette « délégation globale de gestion » vise à réduire le nombre de tutelles des UMR. « Le pilotage scientifique demeure conjoint et les personnels restent employés par leurs organismes respectifs », rassure Axel Kahn, président de la commission recherche de la Conférence des présidents d'université (CPU), tout en prévenant que les universités ne veulent pas que le CNRS ne leur délègue que les UMR de moindre qualité. Par ailleurs, toutes les universités ne pourront pas satisfaire au cahier des charges du CNRS. Mais le processus prendra plusieurs années. Pour l'heure, la délégation de gestion est expérimentée dans trois universités (Strasbourg, Paris VI et Aix-Marseille II), précise Arnold Migus, qui assure que « d'excellents laboratoires feront l'objet d'une délégation aux universités ». Mais le CNRS compte bien garder, via une convention d'hébergement, les UMR « à haute technicit頻 et les laboratoires « structurants au niveau national ». À moins que l'évaluation prochaine du CNRS ne change la donne. Clarisse Jay
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