Les ambitions vertes du nouveau Premier ministre japonais

olitiqueUn coup de poing dans la figure du patronat » : c'est en ces termes qu'un politologue commentait l'objectif très ambitieux annoncé lundi par le futur Premier ministre du Japon, Yukio Hatoyama (il sera nommé le 16 septembre), de réduction des émissions de gaz à effet de serre par son pays : ? 25 % par rapport au niveau de 1990 d'ici à 2020. Une annonce fracassante à quelques jours du sommet de Copenhague, qui a replacé le Japon en tête des nations vertes, lui dont on raillait les objectifs vagues en la matière. Mais qui divise aussi le pays entre « anciens » et « modernes ». lourd tributParmi les premiers, qui copilotent avec l'État la politique industrielle de l'archipel, la sidérurgie paiera un très lourd tribut aux ambitions écologiques du Japon. Ce secteur est en effet responsable d'un tiers du total des émissions industrielles du pays. Or il n'a qu'une solution pour réduire les émissions de ses fourneaux : réduire sa production. « Un tiers de l'acier étant exporté, les sidérurgistes baisseront sans doute leurs exportations et se concentreront sur le Japon », estime Jérémie Capron, analyste du secteur pour CLSA. La sidérurgie japonaise est déjà la plus efficace du monde en termes d'utilisation d'énergie par rapport à son volume de production. Ne relâchant pas leurs efforts, les principaux sidérurgistes nippons ont annoncé le développement de charbon dit « ferro-coke » d'ici à 2015, qui réduira de 6 % les émissions de ses fourneaux. Après la sidérurgie, le secteur chimique, le verre, la céramique et le ciment, le pétrole et le charbon devront aussi passer au régime sec. utilisation du nucléaireMais, du côté des modernes, on se frotte les mains. Dans l'automobile par exemple. « L'objectif de création d'une société à faible émission de gaz carbonique a permis à l'industrie automobile de viser une nouvelle frontière », a expliqué mardi Takeshi Uchiyamada, directeur général adjoint de Toyota Motor, lors d'un symposium sur l'écologie. Dernier gagnant enfin : la filière nucléaire. Après une série d'accidents et de scandales, le Japon a réduit l'utilisation de ses capacités nucléaires à 59 %. Ce taux devrait augmenter, à moins que Yukio Hatoyama, catalogué à gauche, soit prisonnier des antinucléaires de sa majorité. Dans son programme électoral, il ne reniait pas le nucléaire, mais ne l'appuyait pas non plus. « Il est logique industriellement d'augmenter le nucléaire au Japon. Mais c'est illogique politiquement », résume un connaisseur du secteur.
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