Les low-cost inspirent les majors

AérienC'est une belle reconnaissance pour les compagnies low-cost. Air France dévoile ce matin son nouveau modèle moyen-courrier qui doit entrer en vigueur début 2010. Moins radical que celui d'Iberia, présenté mi-octobre, ce plan baptisé NEO (New European Offer) vise à enrayer les pertes sur ce segment, face au succès des transporteurs à bas coûts comme Ryanair et Easyjet. Air France va proposer un service de « transport à la carte ». Un concept à base de prix d'appel attractifs accompagnés de toute une palette d'options payantes (« La Tribune » du 26 octobre).Objectif : reconquérir des passagers toujours plus nombreux à privilégier les low-cost. L'absence de prestations gratuites est en effet de moins en moins considérée comme un handicap sur des vols de courte distance dès lors que les prix sont abordables. Un transfert amplifié par la crise, si bien que Ryanair ou Easyjet sont parmi les rares compagnies à dégager des bénéfices.En quinze ans, ces low-cost ont pris le leadership sur les vols intra-européens. Nées au milieu des années 1990 après la libéralisation du ciel européen, elles ont surtout pris leur envol après la crise de 2001 et l'essor d'Internet ? qui évitait la création de coûteux réseaux de distribution ? pour détenir aujourd'hui près de 80 % du marché intra-européen (hors trafic de correspondances).Une irrésistible ascension à laquelle la direction d'Air France ne croyait pas il y a cinq ans. « Je me suis trompé, nous avons perdu la bataille du moyen-courrier », a reconnu en interne le président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta. En fait, beaucoup pensaient que la pertinence du modèle économique buterait sur le minimalisme du modèle social. Autrement dit, que les low-cost seraient contraintes d'augmenter leurs coûts sociaux sous la pression de leur personnel désireux d'obtenir leur part des bénéfices. C'est ce qui s'est produit en partie aux États-Unis chez Southwest. Mais pas en Europe.« jamais de grève »« Il n'y a jamais eu de grève chez Ryanair ou Easyjet, où les conditions de travail et de salaires sont pourtant moins avantageuses », rappelle un expert. De fait, les low-cost ont su maintenir un fort écart de coûts avec leurs rivales traditionnelles. En jouant notamment sur les frontières européennes. « Dans chaque pays, Ryanair et Easyjet ont créé une multitude de bases opérationnelles qui fonctionnent comme de petites entreprises sans lien les unes avec les autres. Le personnel s'y limite à quelques postes au siège et aux navigants, souvent de nationalités différentes. Tout cela n'est pas propice à une fédération des salariés », explique un observateur.Des deux grandes low-cost, c'est Easyjet qui fragilise le plus les opérateurs classiques. Elle les attaque de front sur les grands aéroports quand Ryanair privilégie les petites plates-formes. Son modèle se fonde davantage sur la prise de trafic à ses concurrents que sur la création de nouveaux clients attirés par les prix. Easyjet est donc moins exposée que Ryanair à une nouvelle flambée du prix du brent (et donc des billets).
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