Paris prend les commandes d'un G20 éprouvé

Paris fixe ses priorités : réforme du système monétaire international, lutte contre la volatilité des prix des matières premières et amélioration de la gouvernance internationale.La France endosse aujourd'hui les habits de chef d'orchestre de l'économie mondiale. Présent à Séoul, où s'achève ce matin le cinquième sommet du G20 depuis la crise, Nicolas Sarkozy vient de lancer officiellement la présidence française de cette instance de concertation économique internationale qui réunit les principales économies de la planète (85 % du PIB mondial). Un legs bien lourd à porter pour l'Hexagone. Les priorités fixées par Paris pour cette mission qui durera jusqu'en novembre prochain sont ambitieuses : réforme du système monétaire international (SMI), lutte contre la volatilité des prix des matières premières et amélioration de la gouvernance internationale. D'autant plus ambitieuses que malgré ses efforts, la Corée du Sud, qui passe ce vendredi le relais de la présidence à la France, laisse derrière elle un héritage contrasté. Comme souvent lors de ces grands messes internationales, les conflits d'intérêt entre nations n'ont pas permis d'apporter tous les remèdes nécessaires aux déséquilibres économiques qui menacent la planète d'un retour au protectionnisme et mettent en péril la croissance mondiale : déficit commercial américain abyssal, excédent commercial chinois faramineux, guerre des changes entre les États-Unis et la Chine, toujours à des fins commerciales , avec à la clé l'espoir de ces deux premières puissance mondiales d'alimenter la croissance de leur PIB national. Témoins de ce duel, l'Europe et de nombreux pays émergents font les frais de ces grandes manoeuvres en subissant une appréciation malvenue de leur monnaie, démontrant au passage le bien fondé des priorités de la France pour 2011. Avec la crise de 2009, dont la page est encore loin d'être tournée dans certains comme l'Irlande, la cacophonie économique mondiale a atteint ses limites. mauvais excédent « Les Américains demandent explicitement à la Chine de réduire son excédent commercial », indiquait jeudi un diplomate français à Séoul, alors que se tenaient des négociations confidentielles entre sherpas. Mais la Chine, premier exportateur mondial, refuse tout changement brusque qui compromettrait sa paix sociale. Avec l'Allemagne, deuxième exportateur mondial, elle s'est opposée à la proposition américaine de limiter à + ou ? 4 % du PIB les excédents de la balance courante (ou les déficits) des pays. « Ne faites pas prendre aux autres les remèdes de votre maladie », s'est impatienté, jeudi, Yu Jianhua, directeur général au ministère du Commerce chinois. Pour sortir de l'impasse, les sherpas travaillaient ces dernières heures sur un communiqué final a minima dissuadant la pratique de « sous-évaluation compétitive » des monnaies, et prévoyant des « directives indicatives » afin de réduires les déséquilibres des comptes courants, selon l'agence Reuters. Le 23 octobre, les ministres des Finances du G20 , qui se sont réunis à Gyeongju (sud de la Corée) en avaient esquissé l'esprit en s'engageant « à poursuivre des politiques destinées à réduire le risque que des déséquilibres extérieurs insoutenables réémergent ». Selon un membre de la délégation française, « les pays doivent s'entendre sur la définition de ce qu'est un mauvais excédent tout en évitant de montrer du doigt la Chine et l'Allemagne dans le communiqué final ». Pour lui, « on finira bien par trouver un accord. La reforme du SMI sera longue et pénible, il ne faut pas s'attendre à un miracle ». (Lire également P. 8 et 21).
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