Euro Disney peut sortir de l'impasse

Le monde merveilleux de Disneyland Paris ne résiste pas aux chiffres. Pour l'exploitant des parcs à thèmes de Marne-la-Vallée, Euro Disney, les années se suivent et se ressemblent. À l'issue de l'exercice 2010, qui s'est achevé fin septembre, les comptes restent dans le rouge, à hauteur de 45,2 millions d'euros. C'est un peu moins que l'année précédente (qui s'était soldée par une perte nette de 63 millions) mais cela traduit une marge de manoeuvre symbolique de l'entreprise. Le chiffre d'affaires stagne à 1,27 milliard d'euros faute de pouvoir augmenter les tarifs dans un contexte « d'extraordinaire sensibilité des clients aux prix » tandis que les charges d'exploitations sont incompressibles à 1,24 milliard.Avec un maigre résultat d'exploitation de 34 millions d'euros en 2010, Euro Disney doit d'une part continuer d'améliorer son offre car, dans ce secteur, ce sont les nouveautés qui créent un sentiment d'urgence pour les visiteurs. D'autre part, faire face à une situation financière cauchemardesque : l'endettement s'élève à 1,8 milliard d'euros pour seulement 141,3 millions de fonds propres, qui fondent chaque année au fil des pertes enregistrées. Le gérant des parcs à thèmes n'est pas parvenu à faire face à la charge financière et, en 2010, il a « reporté », c'est-à-dire transformé en dettes, le paiement de 25 millions d'euros de redevances de licence dû à la compagnie Walt Disney pour l'utilisation de ses personnages et de ses concepts et de « reporter » également le paiement de 15,1 millions d'intérêts financiers dû à la Caisse des dépôts et consignations, son principal créancier. La société doit « faire le point » avec les banques dans les prochains jours. « Cela ne veut pas dire renégocier notre dette », tempère le directeur financier du groupe de loisirs. Il souligne que la société finit l'année avec 400 millions de trésorerie dans ses caisses et qu'elle a tout de même remboursé 90 millions de dettes en 2010. Le désendettement net est moindre et, à ce rythme, les échéances d'Euro Disney s'étaleront sur plus de vingt-cinq ans, sans compter les intérêts de 4 % environ par an.Euro Disney se dirige-t-il en droite ligne vers une troisième restructuration financière, après celle de 2005 ?Philippe Gas, le président d'Euro Disney depuis 2008, le récuse. Pour lui, 2009 et 2010 ne sont pas représentatifs, ce sont des années de crise. Il ne croit pas à la désaffection des Européens pour Disneyland Paris. C'est le contexte économique qui expliquerait la stagnation du nombre de visiteurs à 15 millions par an ces dernières années, malgré les nouveautés introduites dans les deux parcs. Grâce à la reprise qui s'amorce, Philippe Gas constate une amélioration régulière, mois après mois, des conditions d'exploitation qui lui permet d'être « raisonnablement optimiste pour 2011 ». Il évalue le potentiel des parcs à 18 millions d'entrées par an, sur la base d'une analyse des pics d'entrées, par nationalité. Même dans l'Hexagone, qui apporte déjà 1 visiteur sur 2, « Euro Disney n'a pas épuisé son potentiel ». En 2010, 200.000 Français de plus qu'en 2009 se sont rendus à Disneyland Paris.La confiance de Philippe Gas s'étend également aux finances. Il est certain qu'Euro Disney a la capacité de « rembourser près de 450 millions de sa dette d'ici à 2014 », en commençant par 123 millions en 2011, conformément aux engagements passés avec les créanciers. « Nous avons confiance dans notre modèle et nous abordons le futur avec sérénité », assure le dirigeant. Il a raison car plusieurs bonnes nouvelles sont devant lui. La prolongation de 2017 à 2030 de la convention avec les pouvoirs publics lui donne accès à une réserve foncière qui laisse présager des revenus immobiliers. Déjà, en 2010, la vente d'un actif commercial à Val d'Europe avait rapporté 50,6 millions de profits immobiliers, permettant de limiter la casse des résultats annuels. Les futurs revenus immobiliers ne sont pas estimés pour le moment. L'autre bonne nouvelle, c'est le lancement officiel du projet Villages Nature après sept ans de réflexions. Il est estimé à 1,8 milliard d'euros et sera géré dans une société commune détenue à parité avec le groupe Pierre et Vacances. La commercialisation des biens auprès des investisseurs va démarrer fin 2011, générant les premières recettes. De quoi emporter les résultats « vers l'infini et au-delà », conformément à la devise de Buzz l'Éclair qui vient de faire son entrée dans les parcs. En attendant, Philippe Gas se contente de promettre un « retour aux bénéfices le plus vite possible ». Le prince Al Waleed n'a pas eu la patience d'attendre et a réduit sa participation sous la barre des 10 %, à 8,8 % du capital.parHéléna Dupuyjournaliste à « La Tribune »
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