Le B787 met encore Boeing sous pression

Sueurs froides chez Boeing. À trois mois de la première livraison à All Nippon Airways, le B787 Dreamliner, son programme vedette, déjà reporté de trois ans, est menacé d'un sixième décalage. Telle est la crainte de l'avionneur, après la suspension mercredi des vols d'essais au lendemain d'un incendie d'origine électrique survenu dans l'un des six appareils d'essais en phase d'atterrissage à Loredo (Texas). « C'est le plus sérieux incident constaté depuis le début des essais en décembre 2009 », a précisé, jeudi matin, le responsable du programme 787, Scott Fancher. Une fois sur le tarmac, l'équipage a dû procéder à une évacuation d'urgence des 42 ingénieurs et techniciens... présents à bord. En juin, les vols avaient déjà été suspendus quelques jours à la suite de problèmes constatés sur le stabilisateur horizontal de la queue de l'avion, fabriqué par l'italien Alenia.Il s'agit d'une péripétie de plus pour Boeing, après les difficultés de livraisons d'Alenia, ou encore l'explosion, en août, d'un moteur Rolls-Royce au banc d'essai, à l'origine du dernier report du calendrier de livraisons.l'avionneur joue grosL'incident est-il grave ? Scott Fancher n'a pas souhaité s'avancer. « Il est trop tôt pour le dire. Nous étudions les données du vol pour essayer de comprendre. » Boeing joue gros. Une éventuelle modification sur l'appareil serait lourde de conséquences. Il faudrait en effet la porter sur les 29 B787 déjà construits ou en phase d'assemblage final. De quoi retarder le programme et en alourdir les coûts, sans même parler des pénalités à verser aux compagnies clientes ou d'annulations comme les huit exemplaires constatés la semaine dernière sans lien probablement avec l'incident.Si la certification de ce long-courrier de moyenne capacité reste un défi au regard de ses avancées technologiques (part importante de matériaux composites et des systèmes électriques), la production en est un autre. La montée en cadence en particulier, pour livrer les quelque 850 appareils commandés. « Nous visons un rythme de 10 appareils construits par mois en 2013 », explique Scott Fancher, refusant de communiquer les prévisions d'ici là. Déjà affiché il y a plusieurs années, l'objectif de 120 B787 par an est aujourd'hui facilité par la mise en place d'une deuxième ligne d'assemblage en Caroline du Sud. Pour autant, la chaîne de fournisseurs va-t-elle pouvoir suivre, alors qu'elle est déjà sous tension avec la multiplicité des programmes d'avions liée à l'arrivée prochaine de nouveaux acteurs ? D'autant qu'elle va être aussi sollicitée par l'augmentation des cadences prévues par Airbus et Boeing sur leurs produits existants comme le B737, l'A320 ou le B777, autant de vaches à lait nécessaires pour compenser les programmes défaillants.
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