De bonnes raisons pour investir

Autant le dire d'entrée : l'épargne solidaire n'a pas vocation à enrichir les investisseurs. Dans le meilleur des cas, elle est légèrement rentable et dopée par un coup de pouce fiscal ; dans le pire, elle ne rapporte rien (sauf pour certains fonds dits 90/10, plus risqués). Elle n'a donc pas grand-chose à voir avec les placements traditionnels. Mais elle est éloignée aussi de la charité puisqu'en général le capital confié est garanti ou à l'abri des risques.Investir solidaire revient donc à privilégier un bilan humain plutôt que financier. Les organismes qui collectent cette épargne ont des vocations précises. Beaucoup jouent la carte de l'insertion professionnelle des personnes exclues ou la création d'emplois de proximité, en finançant des créateurs d'entreprise aux profils atypiques ou en garantissant leurs emprunts auprès des banques. L'Adie, France Active, Autonomie et Solidarité ou La NEF (Nouvelle Économie Fraternelle) sont quelques-uns de ces financeurs solidaires. Il en existe d'autres avec des vocations régionales (Herrikoa au Pays basque) ou sociales, à l'instar des Cigales qui financent surtout des sociétés (SARL, Scop ou SA) ou des associations qui respectent des dimensions sociales, culturelles, écologiques et « contribuent au développement d'une économie alternative et solidaire ».quartiers agréablesL'épargne solidaire concerne également l'insertion par le logement. La Foncière Habitat & Humanisme, précurseur dans ce domaine ? et aussi l'un des rares qui revalorisent ses parts ? achète des logements dans des quartiers agréables des grandes villes pour y loger à très bas coût des personnes vulnérables. Esis ou Entreprendre pour humaniser la dépendance se consacrent aux personnes ayant perdu leur autonomie. La finance solidaire se conjugue aussi avec l'environnement (achat de terres destinées à l'agriculture biologique avec Terre de Liens) et la solidarité internationale, notamment par le microcrédit dans les pays pauvres.Contrairement aux autres placements, la finance solidaire permet de toucher du doigt l'usage qui est fait de son argent : les épargnants solidaires sont associés aux actions menées et la plupart des grands organismes, comme France Active ou Habitat & Humanisme, peuvent montrer des réalisations locales et expliquer concrètement où passe l'argent qui leur est confié. « C'est de l'anti-Madoff par excellence », s'amuse Stéphane Prévost, directeur général de La Financière Responsable.peu sensible aux crisesOutre ses vertus sociales ou humaines, elle a un gros atout : « Elle diversifie la poche défensive d'un portefeuille et elle est assez peu sensible aux crises comme celle que nous subissons », met en avant François de Witt (lire interview ci-dessous), un ancien journaliste financier.
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