Les oléducs russes sont des passoires : 20 000 fuites par an

La Russie produit légèrement plus de pétrole que l’Arabie Saoudite. En revanche, elle distance très largement tous ses concurrents dans un registre moins glorieux. Avec 20 000 fuites de pétrole chaque année sur son territoire, la Russie fait figurer le Nigeria et ses 3 à 4000 fuites annuelles comme un aimable amateur. Ces chiffres sont rapportés par Ivan Blokov, un des directeurs de Greenpeace en Russie. Il précise également que les incidents pétroliers au Nigeria sont principalement le résultat d’actes de vandalisme, tandis qu’en Russie, c’est la vétusté et l’âge des oléoducs qui est en cause. Il faut dire qu\'ils ont en moyenne 32 ans et demi. Greenpeace voit d’autres causes au problème : l’indifférence complète des autorités, la corruption, l’absence de surveillance et l’immunité dont bénéficient les compagnies pétrolières russes. « Chaque année, le volume des fuites pétrolières \"collectées\" par les grands fleuves sibériens (Petchora, Ob, Taz, Pour) et aboutissant dans l’Océan Arctique augmente », affirme Vladimir Tchouprov, qui suit l’industrie pétrolière chez Greenpeace Russie. L’ONG a comptabilisé près de 300 000 tonnes déversées dans l’Actique rien que pour l’année 2011. Son étude montre que la pollution augmente de 50 000 tonnes chaque année.. « Nous allons bientôt atteindre l’équivalent de ce qui a été déversé par BP dans le Golfe du Mexique [580 000 tonnes en 2010] » dénonce Vladimir Tchouprov. « Tout cela démontre que la Russie ne doit surtout pas laisser les compagnies pétrolières commencer à exploiter dans la zone Arctique ». Or, c’est précisément l’objectif prioritaire que se sont fixés les deux géants hydrocarbures Rosneft et Gazprom, avec la bénédiction du Kremlin.L’Arctique n’est pas le seul menacé. En tout (terre ferme et cours d’eau) les fuites de pétrole sur le territoire russe sont très supérieures, mais difficiles à quantifier en raison de la politique très laxiste des autorités. « La fourchette est très vaste », reconnaît Vladimir Tchouprov. « Elle va de 20 000 tonnes à 20 millions de tonnes, mais nous soutenons les experts dont les estimations sont à 5 millions de tonnes, soit 1% de la production totale de brut en Russie ». L’agence pour la protection de l’environnement russe n’a pas été en mesure de fournir des statistiques officielles avant la parution de cet article. « Des lois existent aujourd’hui pour remédier à ce problème, mais elles ne sont pas appliquées » s’indigne Vladimir Tchouprov. « Dans les faits, il est plus avantageux pour un groupe pétrolier de payer une amende que de mettre fin à la pollution. Le pouvoir ne remplit pas son rôle de surveillance et préfère cacher le problème ».  
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