Il sera pour le commissaire Michel Barnier, ce qu'à Paris un directeur du Trésor est à un ministre de l'Économie : à la fois bras droit et contre-pouvoir. Dans le microcosme bruxellois, un torrent d'éloges se déverse à la seule évocation du nom de ce haut fonctionnaire britannique : « intelligent », « subtil », « malin », « un des plus brillants fonctionnaires de la Commission ». Mais Jonathan Faull va prendre ses nouvelles fonctions de directeur général du Marché intérieur affublé par la presse européenne de l'étiquette embarrassante d'« homme de Londres ». Faux, assurent ceux qui l'ont fréquenté. « Il est à l'écoute de sa capitale mais pas aux ordres », explique un diplomate. On le dit pourtant « plus proche de l'establishment » que son compatriote David Wright, l'actuel directeur général adjoint. « Il est britannique de nationalité et d'éducation, mais francophile par son mariage, et juif polonais par ses racines familiales. C'est l'incarnation du melting-pot, de l'élite du citoyen européen », explique un avocat. Gros travailleur, ce juriste entré à la Commission il y a trente et un ans à sa sortie du collège de Bruges a la réputation de se concentrer sur les dossiers politiques et de beaucoup déléguer, quitte à laisser la bride sur le cou à ses équipes. Mais on cherchera en vain chez ce pragmatique des traces de l'intégrisme « communautariste » des premiers mandarins de la Commission. « Il veut construire l'Europe, il veut avancer, mais il ne fonce pas tête baissée. Il tient compte des rapports de force, des sensibilités nationales », explique un diplomate. « C'est un chat », explique un avocat, « il retombe toujours sur ses pattes ». L'homme n'a jamais travaillé directement avec Michel Barnier. En revanche il connaît bien son chef de cabinet, Olivier Guersent, dont il a été le patron à la Direction générale de la concurrence. « Il a un beau mandat », assure un ancien de la Commission : « Rendre Michel Barnier ?UK compatible? » ! Florence Autret, à Bruxelle

latribune.fr

12 Jan 2010, 23:51

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