Cinéma

Un film de Clint Eastwood est toujours alléchant. Mais lorsque ce cher Clint réunit deux acteurs de la trempe de Morgan Freeman et Matt Damon, cela devient carrément un événement. Surtout quand « Invictus » ? invincible en latin ? se présente comme un hymne à la sagesse et à la clairvoyance de Nelson Mandela.Nous sommes transportés au c?ur de l'Afrique du Sud en 1994. Mandela vient d'être élu président de la République à la suite des premières élections multiraciales organisées dans le pays. Les lois sur l'apartheid, qui régissaient le pays depuis 1948, ont été abolies. Mais cette Afrique du Sud de 43 millions d'habitants reste profondément divisée et les tensions raciales sont prégnantes. Or, malgré les très nombreux dossiers économiques et sociaux qu'il a à gérer, Mandela fait une priorité de l'organisation de la Coupe du monde 1995 de rugby par son pays. Le vieux leader sent qu'il y a là un moyen de réunir Blancs et Noirs derrière l'équipe nationale. Ce n'est pas gagné, tant les Springboks ? haïs par les Noirs ? symbolisent le pouvoir tout puissant des Blancs.UniverselOn retrouve dans « Invictus » le goût d'Eastwood pour l'épique. Son film a du souffle. Incontestablement, Clint sait sensibiliser le grand public à un sujet difficile qui n'aurait pu intéresser que les seuls habitants de l'Afrique du Sud : comment parvenir à la fameuse « nation arc-en-ciel », maintenant symbolisée par son drapeau ? En vérité, le sujet est universel et devrait peut-être même intéresser les thuriféraires de « l'identité nationale ». Car ce film nous montre comment un homme ? au charisme certes exceptionnel ? a su rassembler plutôt que diviser, quitte à se mettre en porte-à-faux dans son propre camp.Certes, Eastwood n'évite pas quelques clichés destinés à frapper les esprits. Comme cette ouverture du film (tourné presque entièrement en Afrique du Sud) où une simple rue sépare un terrain vague où jouent au foot des gamins noirs dans un dénuement total, d'une splendide pelouse au vert chatoyant où s'entraîne au rugby une équipe de Blancs sanglés dans d'impeccables maillots. Et que penser de cette scène où l'équipe des Springboks visite la prison où fut enfermé Nelson Mandela pendant près de trois décennies?Un peu trop de pathos, effectivement, mais le film reste cependant formidable, servi par un excellent jeu d'acteurs. Morgan Freeman est plus que convainquant en Mandela, dont il reprend à merveille les expressions et la démarche. Matt Damon campe un impeccable Francois Pienaar qui, progressivement, va abandonner ses vieux réflexes d'Afrikaner. Et, ce qui ne gâte rien, les amateurs de rugby ? sport rarement porté à l'écran ? seront comblés : la reconstitution des matchs de la Coupe du monde est très réaliste.
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