« Les Noirs et les Blancs chantaient ensemble  !  »

Quinze ans après, aucun d'entre eux n'a oublié. La Coupe du monde 1995 a laissé un souvenir impérissable aux joueurs français présents en Afrique du Sud. À commencer par cette demi-finale perdue face aux Springboks (19-15) dans des conditions dantesques. « Le match a été reporté deux fois avant de se jouer, raconte le demi d'ouverture Yann Delaigue. Je me rappelle de l'attente dans les vestiaires. Dehors c'était le déluge. On n'avait jamais vu un temps comme ça à Durban. »En plus de la tempête, le XV de France a dû lutter contre l'arbitre de la rencontre et ses décisions incompréhensibles. De quoi nourrir quelques regrets. « On a ressenti une forme d'injustice à la fin du match », se souvient Delaigue. Une frustration quelque peu atténuée par la dimension historique de la compétition.les larmes aux yeuxTémoins privilégiés, les Bleus ont assisté à la victoire finale des Box face aux All Blacks dans un Ellis Park Stadium en ébullition. Avec une once de jalousie et beaucoup d'admiration. « On sortait d'une demi-finale dramatique. Donc on était un peu envieux de voir que les Springboks allaient au bout devant leur pays, concède le deuxième ligne Olivier Roumat. En même temps, c'était une formidable aventure humaine et c'est ce qui fait aussi la beauté du sport. » Un instant symbolique, entre le président noir Nelson Mandela et le capitaine afrikaner François Pienaar, que les Bleus ont vécu avec enthousiasme. « Lorsque Mandela est entré sur le terrain avec le maillot des Boks, c'était très intense, souligne Delaigue. Le dénouement de la rencontre nous a mis les larmes aux yeux. Cette victoire représentait tellement de choses dans un pays qui venait de sortir de l'apartheid. »« Les Noirs et les Blancs chantaient ensemble, témoigne le trois-quarts aile Émile N'Tamack. Pendant un mois et demi, on nous avait répété que ça n'arriverait jamais en Afrique du Sud. Là, on a compris qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire. Je dis souvent que cette Coupe du monde est le plus beau moment que j'ai vécu. Ça dépassait largement le cadre du rugby et on l'a bien ressenti. » De la ferveur du stade à celle de la rue, les Français gardent en mémoire les images de cette nation arc-en-ciel en train de communier dans Johannesburg. « L'ambiance était exceptionnelle ce jour-là, décrit le capitaine Philippe Saint-André. Les gens étaient ensemble dans la rue pour fêter la victoire. Il n'y avait que de l'amour, de la joie et du sourire. C'était très émouvant. » Quinze ans plus tard, ça l'est toujours autant? A. J.Lire également page 31 La joie des Sud-Africains et la détresse des Français lors du Mondial 1995.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.