Obama en pince pour un patron à poigne

Certes, le président Obama, en baisse dans les sondages, cherche à se positionner plus au centre, histoire de ratisser des supporters démocrates en vue du scrutin législatif de novembre prochain. Mais en choisissant comme PDG « qu'il admire le plus » un patron résolument de droite, Barack Obama a surpris. L'homme en question est Fred Smith, le fondateur et PDG de FedEx. Un patron inscrit sur la liste des donateurs du Parti démocrate, mais qui a surtout levé plus de 100.000 dollars pour John McCain, le candidat républicain de 2008. Pas étonnant, puisque Fred Smith était le coprésident du comité de campagne de l'adversaire d'Obama. Son nom circulait même pour le poste de candidat à la vice-présidence. À une autre époque, il faisait les cents coups avec George W. Bush dans une « fraternity », un de ces clubs universitaires sélects, à Yale. Pas forcément le profil idéal pour Obama... Un dirigeant qui pense à long termePourtant, questionné par « BusinessWeek » sur ses PDG préférés, le président américain a répondu : « Il y en a plusieurs que j'admire. Celui avec qui j'ai eu plaisir à échanger lors du dernier déjeuner avec des patrons à la Maison-Blanche a été Fred Smith. Quelqu'un qui pense à long terme. Son secteur est très sensible au prix de l'énergie, et il n'hésite pas à dire que nous avons intérêt à adopter une politique énergétique intelligente si nous voulons rester compétitifs. Il a aussi des idées sur le commerce et les difficultés rencontrées avec ses partenaires à travers la planète. » C'est donc avant tout par rapport à son propre programme politique - fondé sur la création d'une économie verte et, depuis plus récemment, sur l'amélioration des exportations, qu'Obama a jugé la rencontre avec Fred Smith intéressante... Il n'empêche. Au-delà de ses affinités conservatrices, ce dernier dirige FedEx d'une main de fer. La société est poursuivie en justice par des centaines de chauffeurs. Ce que reprochent ces plaignants ? Que FedEx les traitent non pas comme des salariés, même s'ils oeuvrent exclusivement pour l'entreprise, mais comme des « travailleurs indépendants », responsables de l'achat et de l'entretien de leur véhicule, carburant compris, ainsi que de leur assurance, leur retraite et autres avantages, sans oublier l'acquisition de leur uniforme et du scanner pour comptabiliser les livraisons.Les camions blancs de FedExL'un d'eux, Buddy Johnson, cité sur le site de la plainte (www.fedexdriverslawsuit.com), raconte même qu'un jour de panne, il n'a pas pu louer un véhicule chez Hertz « parce que leurs camions sont jaunes et que FedEx veut que l'on ait des camions blancs »... Ces indépendants cherchent donc à être reconnus dans un statut de salariés et à en obtenir les avantages. De quoi remettre en cause le « business model » de FedEx. En effet, si l'entreprise affiche des prix ultracompétitifs et taille des croupières à son concurrent UPS, c'est avant tout grâce à ce dispositif. Les chauffeurs d'UPS sont, eux, tous salariés - et même syndiqués à la puissante fédération des transporteurs, les Teamsters... La Maison-Blanche s'est-elle rendue compte de la bévue ? Elle a en tout cas ajouté plusieurs noms à la liste du président Obama : le patron de Honeywell, David Cote, de Verizon, Ivan Seidenberg, ainsi que John Doerr, capital-risqueur de la Silicon Valley très impliqué dans le« green ». Et évidemment, aucun banquier de Wall Street...Lysiane J. Baudu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.