L'éditorial d'Olivier Provost : le nouveau logiciel Sarko

Mais qu'est-ce qui lui arrive à notre cher président ? L'hyperactif, le monsieur 100.000 Réformes, le Lucky Luke de la politique qui tirait une nouvelle loi plus vite son ombre, le voilà converti au Prozac, au « cool zen » cher à sa marionnette des Guignols pendant la campagne présidentielle, à lire l'interview qu'il a donnée au « Figaro Magazine ». Fini de donner le tournis à ses adversaires ainsi qu'aux médias (ce qui était plutôt bien joué) et à ses partisans (ce qui l'était nettement moins) en bondissant de réforme en réforme, sans prendre le temps de préparer le terrain, avec le service minimum de la concertation et l'étude d'impact aux abonnés absents. À peine commençait-on à se pencher sur sa dernière idée qu'il était déjà passé à la suivante. Une fois l'économie, une autre le social, le surlendemain un petit coup de polémique sociétale (sécurité, religion, identité nationale...) propre à glaner quelques voix à la veille d'élections délicates. Eh bien, tout ça, c'est fini - ou presque -, on va d'abord régler les cas, il est vrai cruciaux, des retraites et de la dépendance. Désormais, le cerveau présidentiel s'est doté d'un nouveau logiciel. Il a programmé que dans quelques mois, la majorité - pas celle, sans doute, de ces élections régionales - va se transformer d'armée de bâtisseurs en bataillon de « consolideurs ». Le verbe élyséen avait voulu que le pays se transforme en profondeur et à marches forcées. Son nouveau logiciel va imposer de vérifier que ces transformations au forceps peuvent résister aux assauts du temps et surtout répondent aux objectifs initiaux. Force est d'admettre que si la République n'avait pas l'habitude de l'hyperactivité sarkozienne, elle n'a pas non plus celle de la vérification qu'il lui propose maintenant. Les Français adorent planifier, mais au moment de la réalisation puis du contrôle, il n'y a souvent plus personne. Il va leur falloir faire un « reset » et s'adapter à ce nouveau logiciel que promet Nicolas Sarkozy pour la fin 2011. Déboussolés, les partisans des réformes croisent les doigts pour que l'ordinateur de leur champion ne se bloque pas, victime du bug de 2012 qui transformerait le « château » en palais de l'enlisé.
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