Conflits salariaux : la contagion

Les salariés sont de mauvaise humeur et ils le manifestent. Depuis quelques jours, nombre d'entreprises privées sont ainsi perturbées par la grogne concernant les salaires. Danone a éteint cette semaine le conflit qui paralysait ses usines de fabrication de yaourts en accordant une augmentation générale de 2% à partir du 1er mars. Chez Arc International, le groupe verrier du Nord pourtant réputé pour son calme et sa discrétion, les salariés ont aussi mis fin à la première grève de l'histoire de la société, après avoir obtenu la promesse d'une prime. Arrêts de travailMais de nombreux autres conflits sont en cours. Chez Fralib, à Gémenos (Bouches-du-Rhône), une filiale du géant néerlandais Unilever qui fabrique les sachets de thés et d'infusions de marques Lipton et Eléphant, les 183 salariés ont arrêté le travail lundi dernier pour réclamer 200 euros de plus par mois.Chez Thales, les salariés protestent depuis plusieurs jours après des augmentations jugées insuffisantes. Le groupe américain d'emballage Crown, un géant de la boite de conserve, voit ses sites français d'Outreau, Laon, Concarneau ou Périgueux perturbés depuis une semaine par des demandes d'augmentation. Et les salariés des papeteries Condat, dans le sud-ouest, ont cessé le travail depuis le 3 mars, jugeant insuffisante la hausse de 1% proposée par la direction. L'industrie n'est pas la seule en ébullition. La distribution fait face, elle aussi, à des revendications. Après Ikea, qui a donné le ton début février, la colère s'étend à Système U : quatre entrepôts de l'est de la France sont bloqués par des salariés qui réclament « 150 euros de plus pour tout le monde ».Négociations annuelles Les conflits salariaux sont, certes, plutôt récurrents à cette période de l'année, où se tiennent les traditionnelles négociations annuelles sur le sujet. L'an dernier, toutefois, ils avaient été occultés par les mouvements, parfois violents, accompagnant les annonces de fermetures de sites ou de plans sociaux. Si bien que les autres salariés, soulagés avant tout de conserver leur emploi, avaient mis un bémol à leurs demandes d'augmentation, tout en priant pour que la crise ne s'aggrave pas encore. Mais, depuis, ils se sont rendu compte que les entreprises avaient, à l'exception de quelques secteurs comme l'automobile ou les biens d'équipement, plutôt correctement traversé la tempête. Que leurs bénéfices avaient tout juste été érodés, voire qu'ils avaient augmenté en 2009. Que les dividendes versés aux actionnaires restaient plantureux. TrompésIls ont donc le sentiment d'avoir été un peu trompés. Et les annonces de bonus mirifiques ou de salaires se comptant en millions d'euros, même si elles concernent une minorité d'entreprises, exacerbent le ressentiment.A cela s'ajoute le fait que les prix, plutôt sages en 2009, risquent de repartir à la hausse en 2010, avec notamment la remontée du pétrole ou du gaz. Et que les veilles d'élection sont toujours propices à ce type de revendication. Tout semble donc en place pour voir se poursuivre la multiplication des mouvements. Reste à savoir si les entreprises réussiront à les calmer, au prix de quelques concessions. Ou bien si les grogne ne fait que commencer. Réponsee;ponse dans les toutes prochaines semaines.
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