Michel Sapin : "Sur l'économie, Nicolas Sarkozy perd pied"

STRONG>La Tribune. Nicolas Sarkozy souligne, dans son interview au Figaro Magazine, que la France a mieux résisté à la récession que les autres pays européens. Avec une croissance de près de 1,5% en 2010, le chômage va diminuer, affirme-t-il. Des résultats à mettre au crédit du gouvernement?Michel Sapin. On est dans la pure incantation. Tous les observateurs s'attendent à une rechute de la modeste croissance que nous enregistrons actuellement. Et tout le monde sait bien que l'ajustement de l'emploi à la récession n'est pas terminé. Le chômage va donc continuer d'augmenter. Il augmentera d'autant plus si la rechute, certes moins prononcée que la récession de 2008-2009, se confirme. Plutôt que de lancer ainsi des incantations, Nicolas Sarkozy devrait dire comment il va agir. Le gouvernement affiche pourtant une stratégie: désarmement progressif du dispositif de relance, réduction des dépenses courantes, et priorité à l'investissement pour préparer l'avenir, via le grand emprunt...Ce sont de vieilles recettes. Prenez le grand emprunt: on distribue des dotations aux universités, qui vont leur apporter uniquement des intérêts, et on coupe dans le même temps dans leur budget, pour un montant équivalent. Le solde, c'est zéro. C'est de la politique de gribouille. La vraie question, la contradiction actuelle, est: comment fait-on pour lutter contre les déficits, trop importants, tout en continuant à soutenir l'économie, confrontée au risque de rechute? Il faut l'admettre, la réponse n'a rien d'évident.Que faudrait-il faire ? La réponse est à chercher du côté des recettes fiscales, à mobiliser: remise en cause du bouclier fiscal, des niches, de la baisse de la TVA dans la restauration. Mais, en s'interdisant toute hausse d'impôt, Nicolas Sarkozy s'empêche de prendre ce genre de mesures, il a créé le cercle des impossibilités. Il ne peut plus résoudre la contradiction entre le nécessaire effort de relance et la non moins impérative réduction du déficit public.Nicolas Sarkozy se montre prudent sur la taxe carbone. Il souligne la nécessaire concertation, n'évoque plus la date du premier juillet. La preuve d'une capacité d'écoute ?C'est de la simple prudence électorale, à la veille des régionales. Il cherche à apaiser les inquiétdudes. Cela ne change rien à son projet.En revanche, a-t-il raison de relancer le débat sur la TVA sociale ?Il cherche sans doute là le moyen d'augmenter les impôts sans le dire.Mais il est prévu de baisser les cotisations sociales, en contrepartie...Si la hausse de la TVA est compensée par une baisse des cotisations employeurs, les salariés seront clairement perdants. De toutes façons, tôt ou tard, Nicolas Sarkozy devra céder, sous la pression des événements, sur son dogme "pas de hausse d'impôt". Alors, il se résoudra à une hausse de la TVA, de la CRDS, de la CSG... Au total, on voit bien que Nicolas Sarkozy n'offre aucune perspective dans le domaine économique. Il ne fixe aucun cap, ne sait plus où aller. Son interview est celle d'un homme qui perd pied, quelqu'un qui se noie.
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