L'avenir du capitalisme trop sérieux pour le laisser à des spécialistes  !

Il y a un paradoxe à être salarié en France aujourd'hui. D'un côté, on bénéficie face à la crise de protections sociales à un niveau qui n'existe pratiquement nulle part ailleurs, et de l'autre côté on ressent confusément que le pacte tacite qui lie les collaborateurs d'une entreprise et leur employeur est totalement rompu. Bien sûr, la crise financière mondiale est passée par là, mais il serait faux de dire que le problème n'existait pas auparavant...C'est cet état d'esprit particulier que l'on retrouve dans une étude Opinionway réalisée à la demande de la Fondation Croissance Responsable : dans cette étude, on observe que pour 73 % des Français, l'ascenseur social est bloqué, et que pour 71 % d'entre eux, le capitalisme est une notion négative... Ce qui est assez troublant, c'est que lorsque la question posée porte sur l'entreprise, alors la vision des Français redevient positive à 69 % !Ce sondage nous montre clairement que le problème est aujourd'hui si profond qu'il ne pourra se résoudre par des actions ponctuelles, une augmentation des impôts, ou des réformes menées sans vision claire de ce que pourrait être l'avenir.Au coeur d'un monde où tout va trop vite - à l'image d'une voiture de sport dépourvue de freins -et dans un vieux pays comme la France qui a bien du mal à se couler dans le moule difficile de la mondialisation, on ne saurait recréer le pacte social sans créer les conditions d'une réflexion profonde, indépendante et déconnectée du temps des médias.Il ne s'agit pas en l'espèce de savoir si les solutions traditionnellement dites « de gauche » seraient meilleures que celles dites « de droite », mais plutôt de se demander pourquoi nos concitoyens ont de plus en plus de mal à se reconnaître dans un système qui est certes bourré de défauts, mais qui leur offre tout de même un niveau de protection, de liberté et d'initiative individuelle qui n'est finalement pas si répandu sur notre planète...Dans ce contexte, et alors que plus personne ne semble savoir quelle direction on doit prendre, et sachant que le travail constitue une part essentielle dans le temps de vie de nos concitoyens, il est clair que l'entreprise et son corollaire le rapport entre employés et employeurs sont au coeur du sujet.Pour repenser l'avenir de notre système économique, la réflexion se doit donc d'intégrer des débats ouverts dans lesquels entrepreneurs, représentants des salariés, intellectuels, économistes, journalistes, membres d'ONG - bref tous ceux qui vivent l'économie dans des cercles différents - pourront apporter leur intelligence, leur expérience et leur vécu. Le partage des richesses et des connaissances, la croissance, l'ascenseur social sont des sujets trop sérieux pour les laisser aux seuls spécialistes !C'est la raison pour laquelle la Fondation Croissance Responsable nous est aujourd'hui nécessaire. En réunissant dans une même organisation des entrepreneurs comme Christian Poyau (Micropole-Univers), Denis Payre (Kiala) ou Geoffroy Roux de Bézieux (Virgin Mobile France), anciens présidents de l'association CroissancePlus, des grands patrons comme Frédéric Oudéa (Société Généralecute; Générale), Alain Dinin (Nexity), Guillaume Poitrinal (Unibail-Rodamco), des représentants de la société civile venant de tous les horizons comme Julie Coudry (La Manu), Jean Kaspar (ancien secrétaire général de la CFDT), Maria Nowak (Adie), Michel Serres (de l'Académie française) ou Théodore Zeldin (historien), on se donne les moyens de repenser l'avenir de notre système économique dans le cadre d'une réflexion décorrélée de la contrainte du quotidien, et surtout libérée du poids des idéologies !Étant un réformiste convaincu et un fervent défenseur de l'économie de marché, je préfère en tout cas participer à une utopie réaliste comme la Fondation Croissance Responsable, plutôt que de laisser le champ libre aux habituels vendeurs de rêves, ceux qui nous promettent un monde meilleur dès que nous nous serons enfin débarrassés du « capitalisme », en oubliant malheureusement de préciser ce que recouvre ce terme vague, et surtout ce qui viendra le remplacer...(*) Membre du groupe fondateur de la Fondation Croissance responsable.Point de vue Bruno Vanryb PDG et cofondateur d'Avanquest Software (*)
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