Jusqu'où la croissance chinoise peut-elle ralentir ?

« La tâche la plus urgente » pour la Chine, selon son Premier ministre Wen Jiabao, est de \"stabiliser la croissance\" économique. Le pays, qui a durant des années affiché des taux à deux chiffres, voit le rythme de son moteur ralentir dangereusement. Autrement dit, éviter à tout prix « l\'atterrissage brutal » au profit d\'un « soft landing ». Une bonne indication sera fournie vendredi par la publication du chiffre officiel du PIB pour le deuxième trimestre, qui pourrait s\'avérer le plus faible depuis le premier trimestre 2009. Sa progression s\'élèverait à 7,5% selon Yu Bin, directeur de la recherche macroéconomique au Centre de recherche de développement (DRC) en Chine, cité par Reuters. Les analystes de la banque Citi eux sont plus pessimistes avec une estimation de 7,3%.De janvier à mars, l\'économie chinoise avait progressé de 8,1%. A la même période de 2011, elle avait augmenté de 9,2% et de 10,4% en 2010. Yu Bin considère que la croissance devrait s\'inscrire autour de 8% sur l\'ensemble de l\'année. Le gouvernement prévoit une hausse annuelle de 7,5%. Ce chiffre est scruté par la communauté économique mondiale, l\'évolution de l\'activité de la deuxième puissance mondiale ayant une influence majeure sur celle de l\'ensemble de la planète, d\'autant plus dans un contexte de crise qui s\'accentue en Europe et dans l\'attente d\'un véritable redécollage de l\'économie aux Etats-Unis. Selon la Commission européenne, la croissance mondiale s\'afficherait à 3,3%, soit 0,2 point de moins qu\'estimé à l\'hiver 2011.La faiblesse des investissements locaux explique ce ralentissementLa question est évidemment de savoir si ce ralentissement va s\'accentuer. Dans ce cas, il fragiliserait considérablement la situation économique et sociale du pays. Pour sa part, Yu Bin estime qu\'elle devrait se stabiliser aux troisième et quatrième trimestre. En attendant la confirmation d\'une telle prévision, les investisseurs s\'alarment de certains signes. « La Chine suscite des inquiétudes, sa population au travail baissant pour la première fois depuis le début de la crise mondiale », remarque ainsi Murat Ulgen, économiste en chef chez HSBC. Selon Yu Bin, ce n\'est pas tant les exportations qui subissent l\'effet d\'un appétit moindre des marchés occidentaux - Europe plutôt qu\'Etats-Unis d\'ailleurs - que la faiblesse des investissements locaux qui explique ce ralentissement. Ainsi, en 2011, les investissements en capital fixe avaient augmenté de 23,8%, et comptaient pour plus de la moitié (54,2%) du PIB.En revanche, au cours des cinq premiers mois de 2012, les investissements dans les infrastructures, qui représentent 20% du total, n\'ont progressé que de 4,6%, tandis que ceux dans l\'industrie et dans l\'immobilier ont continué à croître de 24,5% et de 23,15% respectivement. Pour autant, certains soulèvent un certain scepticisme. Ainsi, en mai, le gouvernement a approuvé un investissement de Baosteel de 11 milliards de dollars pour la construction d\'une aciérie, un secteur pourtant déjà en surcapacité, à Zhanjiang, dans le sud-ouest de la région de Guangdong, d\'une capacité annuelle de 10 millions de tonnes.Une trop forte dépendance aux pays étrangersPour stimuler l\'activité, la banque centrale a, comme ses homologues aux Etats-Unis et dans l\'Union européenne, baissé deux fois ses taux d\'intérêt directeurs, en juin et en juillet. Une action d\'autant plus aisée que l\'inflation s\'est calmée en revenant à 2,2% en juin, alors qu\'elle avait été un sujet de préoccupation en 2011. Yu Bin n\'exclue par une nouvelle baisse des taux avant la fin de l\'année si la situation économique mondiale continue à se détériorer. Reste à savoir si ce pilotage à court terme n\'est pas en contradiction avec la stratégie officielle de rééquilibrage de l\'économie de la république populaire consistant à substituer partiellement la demande des ménages chinois aux exportations qui, comme l\'a montré la crise financière de 2008, rendent trop dépendant le pays aux marchés étrangers, notamment occidentaux.Pour Patrick Chovanec, professeur d\'économie à Tsinghua University, le pouvoir chinois fait une erreur en choisissant d\'atteindre à tout prix un objectif chiffré au détriment d\'une stratégie de long terme, par exemple en investissant davantage dans un système de couverture santé, un des choix qui augmenteront structurellement le pouvoir d\'achat des consommateurs. 
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