« L'affaire Woerth a occulté le débat sur les retraites »

Denis Monneuse, sociologue et expert de Entreprise & PersonnelLes syndicats peuvent-ils encore peser sur la réforme des retraites présentée ce mardi au Conseil des ministres??Après deux journées - celles du 23 mars et du 27 mai - peu réussies, la mobilisation du 24 juin a été mieux suivie. Ce sursaut a été bienvenu pour les organisations syndicales, mais il est venu un peu tard, juste avant l'interruption des vacances. Le rapport de force me semble donc encore relativement insuffisant pour permettre aux syndicats de peser sur le fond du projet du gouvernement. Même s'ils n'ont pas encore perdu la guerre, les syndicats ont perdu la première bataille.L'affaire Woerth-Bettencourt menace-t-elle le projet de l'exécutif??Paradoxalement, on parle beaucoup d'Éric Woerth, de son parcours, de ses liaisons dangereuses, mais peu du fond de la réforme. D'ailleurs, depuis le 24 juin, on a assez peu entendu parler des retraites. Le débat a été occulté.La mobilisation syndicale du 7 septembre peut-elle changer la donne??Je ne suis pas sûr qu'à la rentrée, il y ait autant de monde que le 24 juin. Depuis quinze ans, on se rend compte que les grands mouvements collectifs - en 1995, en 2006 ou dans l'Éducation nationale - se sont construits autour d'un « non » à un projet précis. Or, les retraites n'agrègent pas, à elles seules, un assez grand nombre de « non ». En particulier, l'opinion publique semble résignée par rapport au recul de l'âge de départ à la retraite. Travailler plus longtemps paraît d'autant plus inéluctable aux Français que l'alternative politique manque, à leurs yeux, de crédibilité.La rentrée sociale sera donc calme??S'il n'y a que les retraites, le 7 septembre sera un baroud d'honneur, avec quelques petites évolutions du projet du gouvernement, mais rien d'important. En revanche, une mobilisation forte pourrait naître autour des questions de rigueur salariale et de réorganisation dans la fonction publique. Ce pourrait être le détonateur pour agréger d'autres mécontentements. Au total, le climat social sera beaucoup fonction de la manière dont la rigueur - même si le mot n'est pas prononcé - sera perçue par les Français. La réduction des niches fiscales ou la révision de la politique familiale pourraient être mal vécues en septembre au moment où les parents dépensent de l'argent pour la rentrée de leurs enfants. Propos recueillis par Agnès Laurent
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