La filière nucléaire retient son souffle

Sortira ? Sortira pas ? Le petit monde de l'énergie hexagonal n'en finit pas de s'interroger sur le sort que Nicolas Sarkozy entend réserver au rapport Roussely. Le président de la République avait annoncé pour fin avril des décisions destinées à renforcer l'efficacité à l'export de la filière nucléaire française, qui s'appuieraient sur ce rapport. Depuis, le document a été « classifi頻, c'est-à-dire mis au secret et un silence embarrassé règne. À l'Élysée, on s'évertue à faire miroiter une présentation « prochaine » avec une échéance qui s'éloigne pourtant à mesure que l'été avance. Si bien que le doute s'installe sur les chances qu'a ce rapport de revoir jamais le grand jour. Équipe de France du nucléaire Parallèlement, l'impatience monte chez les acteurs de la filière. Areva, EDF ou GDF Suez, ils ont tous envie, voire besoin, que des décisions soient prises. Même s'ils feignent, en public, une indifférence de bon aloi. Henri Proglio, en particulier, ronge son frein. Le patron d'EDF attend depuis des mois que sa vision de la filière nucléaire soit validée par l'État, principal actionnaire des différents protagonistes. Il a hâte de voir EDF redevenir « capitaine, c'est-à-dire coordinateur, de l'équipe de France du nucléaire ». Sous-entendu, en lieu et place d'Areva. Le patron d'EDF veut valoriser son « expérience unique de premier exploitant nucléaire mondial » en s'associant avec les principaux acteurs internationaux, comme il vient de le faire avec le constructeur russe Rosatom. « Drôle d'équipe de France », ricane-t-on chez GDF Suez. Son PDG, Gérard Mestrallet, croise les doigts pour que le rapport Roussely lui permette de faire un pas de plus vers son rêve : construire et exploiter un réacteur en France. Au minimum qu'il le légitime, à l'export, comme « deuxième » électricien nucléaire français. Quant à Areva, c'est carrément sa recapitalisation, promise depuis un an, qui est suspendue à ce rapport. Sa présidente Anne Lauvergeon, lasse de voir sa stratégie contestée tous les six mois, attend surtout une pause dans les atermoiements de l'Etat.
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