L'effet « Coupe du monde » pèse peu face aux revendications des régions

Je suis espagnol, espagnol, espagnol ! ». La victoire de la « Seleccion » à la Coupe du monde de football a inspiré ce refrain, scandé aux quatre coins du pays. Quelle signification accorder à ces manifestations patriotiques, qui prennent le contre-pied de la situation politique de l'Espagne ? Celle-ci est, en effet, marquée par les désirs d'autonomie toujours plus vifs de certaines régions - Pays basque, Catalogne, mais aussi Andalousie ou encore Galice. Alors que dimanche dernier, les drapeaux espagnols flottaient en abondance dans les rues catalanes, la veille, ce sont les « senyeras », les drapeaux catalans, qu'exhibaient certains participants de la manifestation de plus d'un million de personnes, à Barcelone. Avec le soutien du gouvernement catalan, ils protestaient contre les modifications apportées par le Tribunal constitutionnel espagnol au statut catalan. Le texte, qui régit le fonctionnement institutionnel de la région, a été approuvé par référendum régional en 2006. La Cour a notamment vidé de son sens le terme « nation » employé dans le statut pour désigner la Catalogne. Selon Francesc Pallares, professeur de sciences politiques à l'Université Pompeu Fabra, en Catalogne, il ne faut pourtant voir aucun paradoxe entre ces deux manifestations - inverses - de la relation à l'État central. «  70 % des Catalans se considèrent à la fois catalan et espagnol. Leur identité est duale, comme au Pays basque ou en Galice, dans une moindre mesure ». Le professeur José Luis Álvarez, de l'école de commerce ESADE, note en outre que la plupart des joueurs sont issus du club de Barcelone et se sont identifiés sans diffiulté au maillot espagnol.Protestation massiveC'est pourtant la protestation massive de samedi en faveur du statut qui donne le ton de la campagne électorale catalane, dont le terme est prévu à l'automne. L'élan national engendré par la victoire de la « Seleccion » espagnole n'y changera rien. « Déjà, en 2008, lors de la victoire de l'Espagne en Coupe d'Europe, on avait vu les mêmes émotions nationalistes », rappelle José Luis Álvarez. Force est de constater que l'événement n'a pas modifié les relations entre états et régions, souvent tendues, dans un pays fortement décentralisé. D'aucuns estiment toutefois que la ferveur nationale pourrait permettre de les adoucir quelque peu. Au printemps 2011, la plupart des autres communautés autonomes éliront leurs représentants. Le thème central de la campagne devrait tourner autour de la crise économique et de l'effort budgétaire que doivent fournir les régions. Or l'effet « Coupe du monde » sur l'économie - s'il y en a un - se sera probablement dissipé à ce moment là.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.