« Il faut éviter de vivre des crises à répétition qui fragilisent la France »

Dominique Chargé, président de la Fédération Nationale des Coopératives LaitièresCet homme de 47 ans, qui préside par ailleurs la coopérative Laïta (marques Paysans Bretons, Mamie Nova, Régilait), revient sur sa rencontre avec les agriculteurs et donne sa vision de la sortie de crise. Dans quel état d'esprit abordiez-vous la réunion d'aujourd'hui avec les producteurs et qu'en est-il sorti ?L'idée était de sonder l'état d'esprit des producteurs et de voir quels sont les éléments de court terme, sur le prix et la compétitivité, mais aussi ceux de long terme qui peuvent nous éviter des crises à répétition. La discussion a été longue mais d'un bon niveau. Elle nous a permis de mieux appréhender tous ces concepts et de préparer les négociations qui doivent désormais se jouer dans un cadre interprofessionnel. Quel est ce problème de compétitivité avec l'Allemagne ?Rien qu'en 2009, la France a perdu 50.000 tonnes de fromage type emmental et 250 millions de litres de lait au profit de notre voisin. Car, pour 1.000 litres de lait, l'Allemagne était environ 35 euros moins chère l'année dernière. En mars, le ministre de l'Agriculture, Bruno Lemaire, nous a demandé de définir un indice pour prendre en compte l'écart de prix avec le voisin allemand. Les discussions ont achoppé car, à mon sens, il faut aller plus loin. C'est-à-dire ?Il y a deux sortes de marchés. Les marchés internationaux, qui brassent de gros volumes de fromages, type gouda, cheddar ou édam, mais aussi de la poudre de lait ou du beurre destinés aux industriels. Pour ces produits à gros volumes et peu valorisés, nous devrions pouvoir autoriser les producteurs français à produire davantage à des prix calés sur le marché. Mais il y a aussi les marchés plus domestiques, du yaourt et du fromage à destination des consommateurs, là où la France possède un vrai savoir-faire. Pour ceux-là, il faudrait définir des indices afin que les prix du lait baissent dans une moindre mesure. Sinon, quel est le risque ?Celui de vivre des crises à répétition qui, à chaque fois, fragilisent la France par rapport à ses concurrents étrangers. Nous avons pris un peu de retard mais devons aujourd'hui vraiment prendre en compte les nouvelles dérégulations, dans la perspective de fin des quotas à horizon 2015. Sans oublier nos terroirs et territoires spécifiquement français. Les coopératives ont-elles des attentes différentes de celles des industriels ?Les industriels ont intérêt à caler les prix français sur ceux de l'Allemagne pour les grands marchés. Les coopératives, qui collectent et transforment la moitié du lait français, sont directement gérées par les producteurs adhérents. Ce sont eux qui siègent au conseil d'administration et décident ou non de redistribuer une partie des résultats. Propos recueillis par S. L.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.