La grogne syndicale s'amplifie au Royaume-Uni

Les Britanniques ont-ils eu droit la semaine dernière aux prémices d'un nouvel « hiver du mécontentement » ? Pendant 24 heures, le métro londonien s'est mis en grève. Alors que s'ouvre ce lundi le congrès annuel du Trade Union Congress (TUC), la principale confédération syndicale, le Royaume-Uni connaît des tensions sociales qui ne s'étaient pas vues depuis des années. Outre le métro, qui a déjà prévu trois nouvelles journées de grève dans les mois qui viennent, les menaces de débrayages se multiplient partout dans le pays. C'est vrai dans le secteur privé, avec British Airways, BT, BAA (opérateur des aéroports), où les tensions sont particulièrement fortes. Mais aussi dans le public où de drastiques coupes budgétaires doivent être annoncées le 20 octobre. La veille, le TUC a appelé à une journée de mobilisation. Et la privatisation de Royal Mail, entreprise publique où les syndicats restent très présents, pourrait servir de détonateur à cette situation explosive.« Hiver du mécontentement »Les organisations des salariés sont tellement à cran qu'elles ont - fait exceptionnel - refusé qu'un membre du gouvernement vienne s'exprimer à leur congrès. Vince Cable, le ministre de l'Industrie libéral-démocrate évoque un retour d'un « hiver du mécontentement », référence aux grandes grèves de fin 1978 qui avaient largement contribué à l'élection de Margaret Thatcher. Ces grèves « avaient affaibli le soutien du public pour le mouvement syndical et permis à Thatcher de réformer (les lois) sur les syndicats », rappelle-t-il.Ces lois avaient marqué un fort déclin des grèves au Royaume-Uni. Toujours en vigueur, elles imposent de faire voter les syndicalistes pour chaque grève, ce qui pose d'énormes problèmes d'organisation en particulier dans les entreprises employant des dizaines de milliers de personnes ; et d'interdire les grèves de solidarité, bloquant ainsi les débrayages des cheminots en faveur des postiers, par exemple. Le nombre de jours de grèves annuel est ainsi passé de plus de 40 millions pendant les grands mouvements sociaux des années 1980, à 1 demi-million l'an dernier. Dans ces conditions, il n'est pas certain que la colère actuelle des syndicats parvienne à se traduire en une forte mobilisation sociale. E. A., à Londre
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