Dexia se heurte au scepticisme des marchés

Une fois de plus, la hausse de l'action Dexia aura été de courte durée. Après avoir spéculé sur l'annonce d'un accord avec La Banque Postale lundi - le cours avait alors progressé de 6,18 % -, les investisseurs ont réservé un accueil plutôt froid à Dexia mardi, alors que les dirigeants de la banque ont juste confirmé être « en discussions » avec la filiale de La Poste. L'action a reperdu 2,94 %, pour clôturer à 3,27 euros, après l'annonce des objectifs 2014 de la banque franco- belge. À l'occasion de cette journée dédiée aux investisseurs, Pierre Mariani, l'administrateur délégué de la banque, a également déclaré que les discussions avec La Banque Postale n'étaient pas une « question de vie ou de mort ».Depuis le début de l'année, le titre recule de 23 %. Il s'était pourtant repris en 2009. Après être tombé à 1,09 euro en mars, il avait fini l'année à 4,26 euros. Malgré toute leur bonne volonté, les dirigeants de Dexia ont du mal à convaincre. Les explications sont nombreuses.La crise de septembre 2008 est encore présente dans tous les esprits. Lundi 29 septembre 2008, l'action Dexia perd près de 30 %. Elle recevra 6 milliards d'euros d'aides publiques et, à ce jour, les actionnaires historiques qui ont volé à son secours ont perdu les deux tiers de leur mise.manque de visibilitéAujourd'hui, les investisseurs se plaignent surtout d'un manque de visibilité. « 2014 est un horizon lointain, difficile à valider. En revanche, on est sûr que 2010 et 2011 seront des années assez difficiles. Quant aux prévisions de résultat pour 2012, elles ne sont pas mirifiques », explique un analyste. Autre sujet d'inquiétude : le portefeuille obligataire de Dexia. Hérité du passé (125 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre), il est géré « en extinction ». « En matière de risque souverain, il reste néanmoins le plus important parmi les grandes banques européennes », souligne Christophe Nijdam, analyste chez AlphaValue.La perspective de l'entrée en vigueur des nouvelles règles de Bâle III pèse également sur le cours de Bourse. Dexia s'efforce actuellement de réduire sa dépendance aux financements à court terme. Mais elle devra aller beaucoup plus loin lorsqu'il s'agira de satisfaire aux exigences du ratio de liquidité à long terme. En outre, d'ici à 2018, la banque franco-belge devra déduire les réserves AFS (moins-values latentes sur son portefeuille obligataire) de ses fonds propres pour le calcul du ratio Tier 1. « En soi, cela ne posera pas de problème, car Dexia dégage suffisamment de résultats. Mais en cas d'accident de parcours, elle disposera d'une marge de manoeuvre extrêmement réduite », prévient Christophe Nijdam. Quant à la stratégie de développement en Turquie, elle donne certes de nouvelles ressources à la banque, mais comme le remarque l'analyste d'AlphaValue, « en comptant sur les dépôts en livre turque, Dexia substitue un risque de changes à un risque de liquidité ».
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