Le nouveau président de l'IASB devra composer avec l'influence de Bruxelles

Révolution de velours à l'IASB. Pressenti depuis juillet pour la présidence du normalisateur comptable international, le patron du conseil britannique des normes comptables, Ian Mackintosh, a été coiffé sur le fil par Hans Hoogervorst, qui a été nommé mardi à l'unanimité par les Trustees, ces sages chargés de superviser l'IASB, à l'issue d'une ultime audition de plus de deux heures. Actuellement à la tête du gendarme de la Bourse néerlandaise et du comité technique du forum mondial des régulateurs de marché (OICV), cet ancien ministre néerlandais des Finances succédera ainsi en juin 2011 à David Tweedie. Rétif à toute influence politique sur la normalisation, l'actuel patron de l'IASB était régulièrement taxé de dogmatisme par Bruxelles, qui craignait de le voir remplacé par un « Tweedie bis ». La nomination de Hans Hoogervorst est donc une victoire à l'arrachée pour la Commission, qui peinait jusque-là à asseoir son influence sur l'IASB alors que l'Europe est depuis 2005 la principale utilisatrice des normes IFRS. Une victoire à mettre à l'actif du Commissaire Michel Barnier. « Cette décision montre que malgré la rhétorique de Tweedie, l'IASB n'est pas en mesure de dire non à la Commission », analyse Nicolas Véron, économiste au « think tank » européen Bruegel, qui juge « discutable, au regard des statuts de l'IASB, le choix d'un non-technicien pour la présidence ». Sensibles à ce problème, les Trustees ont créé pour l'occasion un poste de vice-président de l'IASB, confié à... Ian Mackintosh. « Cette équipe présente toutes les qualités nécessaires pour permettre à l'IASB d'aller de l'avant, en combinant les compétences techniques de M. Ackintosh avec celles, plus politiques et diplomatiques, de M. Hoogervorst, a déclaré mardi à « La Tribune » Tommaso Padoa-Schioppa, qui préside le conseil des Trustees. Pour Yves-Thibault de Silguy, seul Français membre des Trustees et par ailleurs vice-président du groupe Vinci, cette « excellente décision remet sur la table deux questions cruciales » pour l'avenir des normes IFRS. D'abord, la gouvernance de l'IASB, qui pourrait être rééquilibrée en faveur des régulateurs, et donc du politique. Mais aussi la convergence entre les IFRS et les normes américaines, dont le caractère prioritaire pourrait être remis en question. B. J.
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