Contenus contre tuyaux, le bras de fer de la bande passante

Juste un indice de l'explosion des besoins en bande passante, c'est-à-dire des volumes de données qu'un réseau peut transporter : cet été, 100 millions de vidéos ont été visionnées sur les sites Internet de TF1, (wat.tv et tf1.fr). L'effet « Secret Story » et « Koh Lanta », sans doute. La Une table sur 1,2 milliard de vidéos délivrées sur l'année 2009. Suffisant pour alarmer les comptables, soucieux de ne pas plomber le poste « réseau » de leur budget. Car ces fichiers lourds en octets occupent une part croissance de la capacité des « tuyaux », la bande passante. « Nos coûts de bande passante augmentent, mais moins que notre consommation », rassure Olivier Abecassis, directeur général de tf1.fr. « On négocie avec différents prestataires tous les trois mois, et à chaque fois on achète moins cher : cela nous permet de maîtriser nos coûts », précise-t-il. Reste que les créateurs de contenus, comme TF1, versent une contribution, plus ou moins lourde, aux possesseurs de réseaux pour diffuser leurs productions.Une récente étude de Credit Suisse précisait que l'infrastructure réseau coûte 1,5 million de dollars par jour à Youtube, soit autant que leurs revenus publicitaires. Dailymotion investit, lui, 25 % des ses frais d'exploitation dans la bande passante. Ces fournisseurs de contenus passent par des CDN (Content Deliverer Network), comme Akamai, Limelight ou Level 3. « Se reposer sur un spécialiste permet d'améliorer la fluidité de la transmission des données et d'absorber des pics de connexions », explique Maxime Kurkdjian, directeur associé de Oxalide, un petit prestataire de ce type.un marché très opaque Cette croissance exponentielle des besoins en capacité de réseaux pose un sérieux problème de gestion pour les opérateurs télécoms. Ces derniers sont en effet contraints d'ajuster leurs tuyaux en conséquence, au prix de lourds investissements. « Les fournisseurs de contenus apportent un trafic déséquilibré sur les réseaux des opérateurs télécoms, conçus pour transmettre et non recevoir », souligne Florian du Boys, directeur général de Neo Telecoms, la société qui gère notamment Skyrock, « Le Figaro » et Dailymotion.De là à demander aux fournisseurs de contenus de participer aux frais, il n'y a qu'un pas. Vite franchi par les fournisseurs d'accès à Internet, qui demandent à certains de payer pour distribuer leur productions. « France Télécom a commencé il y a deux ans environ, et les autres opérateurs ont suivi », souffle un expert du sujet. « C'est un rapport de force dans un marché très opaque, non régulé et très peu contractualis頻, souligne Laurent Gille, professeur d'économie numérique à Télécom ParisTech.Pour l'instant, les grands sites de vidéos en streaming résistent à la pression. « Rien ne dit qu'un jour les fournisseurs de contenus ne seront pas à leur tour en position de dicter leur loi », poursuit Laurent Gille. Aujourd'hui, les prix les plus bas se situent entre 4 et 7 euros le mégabit, dans le cas d'un site vidéos énorme comme Dailymotion. Mais les tarifs peuvent s'envoler : un petit site commercial n'attirant que 200.000 visiteurs uniques par mois devra payer 150 euros par mégabit. Soit 25 fois plus cher. J. D.1,2 milliard C'est le nombre de vidéos que pense délivrer TF1 sur l'année 2009.
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