La polémique sur Internet à plusieurs vitesses arrive en Europe

Aux États-Unis, les gants de boxe sont de sortie. Sur le ring, les géants des télécoms, AT&Tmp;T, Comcast ou Verizon, et les mastodontes d'Internet, Amazon, Google et compagnie. L'enjeu ? La neutralité d'Internet, l'un des dogmes du Web. Selon ce principe, tous les contenus sont égaux et doivent pouvoir circuler sur les réseaux aux mêmes conditions de débit et de prix. Une règle d'or contestée par les opérateurs. Leurs arguments ? Véhiculer des vidéos ou des images en ligne leur coûte cher et ne leur rapporte pas. La réplique des producteurs de contenus multimédias ? C'est ce trafic qui fait l'intérêt des tuyaux et « discriminer » certains contenus au profit d'autres pose de sérieux problèmes de concurrence, sans parler du respect du pluralisme en démocratie. La querelle a même pris un tour politique : la neutralité est une promesse de campagne de Barack Obama. Le régulateur du secteur, la FCC, s'est positionné fin septembre en faveur des producteurs de contenus. Et certains sénateurs républicains agitent la protection des enfants pour justifier un éventuel abandon de la neutralité.prudence des opérateursL'Europe n'en est pas là. « La concurrence entre opérateurs est plus vive qu'aux États-Unis, ce qui rend ces derniers plus prudents », souffle-t-on du côté de l'Isoc France, le versant français de l'Internet Society, une association mondiale de promotion du Web. En réalité, chaque camp aiguise son argumentaire. La Fédération française des télécoms, qui regroupe les opérateurs, est ainsi en train de peaufiner sa position. Jean-Philippe Vanot, directeur exécutif en charge de l'innovation et du marketing d'Orange, plaidait fin juin pour « un nouveau mode de partage de la valeur », expliquant dans « La Lettre » de l'Arcep, le régulateur des télécoms, que les « principaux bénéficiaires des investissements réseaux sont « quelques fournisseurs de contenus ». Des arguments réfutés par l'Association des services Internet communautaires (Asic). « Nous reconnaissons le droit aux opérateurs de gérer la congestion des réseaux, mais cela ne doit pas se faire selon des critères subjectifs. D'accord pour faire passer la voix avant les données, mais pas question de favoriser un contenu vidéo plutôt qu'un autre », explique Giuseppe Di Martino, directeur juridique de Dailymotion et vice-président de l'Asic. « Si les start-up doivent payer pour accéder au réseau, c'est la fin de l'innovation », assène-t-il.C'est à Bruxelles que le débat sera tranché. Le paquet télécoms, texte qui doit réguler les infrastructures télécoms à l'échelle européenne, en cours d'adoption, n'aborde pas le sujet. « Mais il s'est invité au débat par plusieurs amendements », explique l'entourage de Catherine Trautmann, rapporteur du texte à Strasbourg, qui veut un débat de fond. Elle a « donc demandé à la Commission de le traiter dans un futur proche ». Pour l'instant, l'amendement à voter autorise les opérateurs à « manager » leur réseau, mais en informant le consommateur. « Quand Neuf a bridé l'accès à Dailymotion, en août 2007, il n'a pas averti ses clients », s'indigne l'UFC-Que choisir, qui demande à l'Arcep de trancher.
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