God save the livre sterling

Un Premier ministre aux abois, qui vend la voie ferrée qui relie Londres au tunnel sous la Manche (!) et annonce des cessions d'actifs non stratégiques pour 16 milliards de livres. Une monnaie qui dégringole et se prépare à enfoncer la parité avec l'euro, pour la première fois de la longue histoire du sterling. Vivons-nous la démonstration in vivo que « l'Angleterre a perdu » (thèse du dernier livre de Patrick Artus et Alexis Garatti) ? Le modèle britannique, si souvent cité en exemple, y compris par Nicolas Sarkozy, qui vantait-il y a peu les résultats exceptionnels de son ami, le « socialiste » Tony Blair, semble aujourd'hui en pleine déroute. Banques nationalisées, explosion de la dette publique, disparitions de milliers d'emplois à la City, vitrine d'une économie transformée en un gigantesque fonds spéculatif, hausse du chômage? Rien ne va plus au royaume d'Élisabeth II : si les élections avaient lieu aujourd'hui, le jeune et dynamique leader des conservateurs, David Cameron, l'emporterait haut la main. Même la reine se plaint publiquement de ces économistes qui n'ont pas vu venir de la crise. Alors, l'orgueilleuse Albion, un modèle dépassé ? Victime de sa trop grande concentration dans la finance et de son trop grand mépris pour l'industrie, elle n'aurait fait illusion que dopée par la bulle de la mondialisation. Les ingrédients du miracle britannique ? flexibilité de l'emploi, peu d'impôts et de charges sociales, État faible ? seraient devenus de lourds handicaps en période de récession. Possible. Mais le Royaume-Uni n'a pas tout perdu : il lui reste la livre, que le gouvernement peut à loisir laisser filer. Assurée d'offrir des taux d'intérêt très bas pendant encore de longues années, la devise britannique connaît de fait une véritable dévaluation compétitive, qui rappelle celle que lui avait imposée en septembre 1992 un certain George Soros. Il y a dix-sept ans, le hedge fund du financier américano-hongrois avait infligé une défaite historique à la Banque d'Angleterre, l'obligeant à sortir la livre du système monétaire européen. Depuis ce jour, l'Europe a compris que le Royaume-Uni ne fera jamais partie de la zone euro. Au royaume de la flexibilité, le pouvoir sur la monnaie reste la dernière arme, celle des temps difficiles. De fait, sans la crise monétaire de 1992, le miracle économique apporté par Tony Blair et le New Labour n'aurait sans doute pas eu lieu. La France, tenue par l'euro trop fort, n'a pas cette marge de man?uvre. Mais, pour payer ses dettes, Nicolas Sarkozy peut toujours vendre le Louvre et la ligne de TGV Paris-Lyon aux Chinois [email protected] mabille
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