Crise financière  : la solution de la diversité

L'extrême violence et la brutalité de la crise actuelle ont incité récemment les Français à s'intéresser à une matière à laquelle ils étaient jusqu'à présent allergiques : l'économie financière ! La surabondance d'articles et de livres sur la crise permet en partie d'assécher cette soif de connaissance et d'information.Il reste cependant un thème sur lequel les écrits sont plus rares : l'autoreproduction des élites a-t-elle été un élément déterminant dans les dérives de la finance ? La diversité n'est-elle pas à la fois un gage d'équilibre, de sagesse et de régulation, mais aussi un formidable levier de performance et d'innovation ?Cette question mérite réflexion et interrogation, car n'y a-t-il pas de meilleure régulation et de meilleur contrôle que la diversité des cultures, des expériences, des formes d'intelligence et, in fine, des formations !Mon propos n'est pas de faire le procès des grandes écoles, qui constituent un maillon précieux dans la formation d'une partie des élites. Cependant, là encore, la crise nous démontre la nécessité de relever ensemble le double défi de la diversité : diversité dans les formations et diversité sociale dans les différents parcours de l'enseignement supérieur. Le constat sur la diversité des formations, et surtout sur sa représentation dans les grandes entreprises, est édifiant : nul besoin de statistiques pointues pour prendre conscience de la trop faible représentation des formations universitaires dans les grandes entreprises en général et dans la finance en particulier. Certes, quelques universités telles Dauphine, la Sorbonne, Toulouse au travers de son pôle économie, et quelques autres, spécialisées dans telle ou telle discipline, ont su tirer leur épingle du jeu et rivalisent avec les meilleures écoles. Mais une réelle amélioration de la situation ne signifie pas que le problème soit traité et le microcosme de la finance nous le rappelle avec force aujourd'hui.En effet, dans les métiers de la finance, naguère qualifiés de? nobles, les carences de notre système de formation, et donc de sélection et l'insuffisante ouverture de la plupart des programmes de formation, apparaissent au grand jour au point d'être caricaturales : mêmes milieux familiaux et culturels, mêmes écoles, mêmes stages et souvent mêmes entreprises ! Ce constat, simpliste certes mais peu contestable, me conforte malheureusement dans l'idée que nous tomberons demain (dans cinq, dix ou vingt ans, peu importe !) dans les mêmes excès si rien ne bouge aujourd'hui.Et il est souhaitable que les profils des jeunes embauchés dans les salles de marché soient plus diversifiés dès aujourd'hui. La dimension RH de la crise financière ne doit pas nous échapper et les DRH doivent aussi avoir une contribution active au rééquilibrage des savoirs et des connaissances au sein de leurs entreprises. Leur rôle est essentiel pour qu'un équilibre harmonieux soit trouvé entre l'aristocratie des diplômes et la méritocratie des compétences et des parcours professionnels !Par ailleurs, il ne faut pas dissocier les problèmes de diversité des formations des problèmes propres à la diversité sociale. Pour toutes ces raisons, augmenter dans des proportions considérables la proportion des jeunes issus des milieux moins favorisés et faire de l'université un concurrent crédible et durable des grandes écoles, voilà un challenge essentiel et urgent pour notre pays, qui va bien au-delà de la simple égalité des chances. Ainsi la finance pourrait modifier son image et retourner progressivement l'opinion et, en même temps, faire de la diversité un levier de contre-pouvoir réel dans des sphères historiquement très consanguines ! Aujourd'hui, nous pouvons et devons rendre ces changements possibles, car une crise, fut-elle aussi profonde que celle que nous connaissons aujourd'hui, a au moins une vertu : celle de faire bouger les lignes et de rendre possible ce qui était inaccessible hier. L'élection de Barack Obama, l'émergence du G20 ou encore la formidable coopération européenne dans la gestion de la crise bancaire nous démontrent, par exemple, que des décennies d'inertie et de conservatisme peuvent être balayées en quelques semaines. Et comme le disait brillamment Romain Rolland (et non Antonio Gramsci, comme cela est souvent écrit !), dans ces périodes difficiles, « il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volont頻. npoint de vue Daniel Karyotis Président du directoire de la Banque Palatine
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