La livre reprend le chemin de la parité avec l'euro

Cela en dit long sur l'actuelle effervescence du système monétaire international : le marché des changes a besoin de boucs émissaires. C'est ainsi que le répit du dollar n'aura été que de courte durée, puisque la devise américaine s'est à nouveau installée hier sur le seuil de 1,48 pour 1 euro. Cette rechute s'est doublée d'une nouvelle vague d'attaques sur l'ex-monnaie de référence mondiale, la livre sterling, à qui revient d'ailleurs la palme de monnaie la moins performante du monde.Si l'on peut mettre en doute le credo du dollar fort des autorités monétaires américaines, bien qu'elles aient récemment redonné crédit à cet engagement, il est une certitude : la Banque d'Angleterre pilote la chute de la monnaie de Sa Majesté, avec la bienveillante caution du chancelier de l'Échiquier. Depuis le début du renversement de tendance sur le sterling observé en août, après une phase d'accalmie, la livre a cédé près de 10 % de sa valeur face à l'euro, rechutant hier à son plus bas niveau depuis six mois, pour refluer jusqu'à 0,9380. Son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne a, lui, reculé de 7 %. comme un soupçonLa livre a même réussi la contre-performance de se dévaloriser dans les mêmes proportions face à un dollar lui-même malmené pour retomber lundi à 1,5730. La parité face à la monnaie unique ne semble plus hors de portée : la monnaie d'Albion pourrait enfoncer la barre de 1 livre = 1 euro pour la première fois dans l'histoire du couple, après l'avoir affleurée dans les tout derniers jours de 2008, au plus fort de sa précédente débâcle.L'accélération de sa baisse en ce début de semaine a été favorisée par un pronostic du CEBR, l'influent Center for Economic and Business Research, s'attendant au maintien de taux d'intérêt historiquement bas au moins jusqu'en 2011, deux jours après l'intervention du président de la Fed, Ben Bernanke, annonçant des hausses de taux dès que l'économie américaine se sera améliorée. Mais une chose devient évidente : les acteurs du marché des changes sont devenus suspicieux à l'égard des deux plus grands pays qui ont abaissé leur taux à un niveau voisin de zéro et se sont engouffrés dans l'assouplissement monétaire quantitatif, à savoir les États-Unis et la Grande-Bretagne, après leur avoir tiré un coup de chapeau en espérant que ces choix débrideraient la croissance. Les deux représentants du système anglo-saxon sont, de ce fait, devenus les monnaies de portage des stratèges qui osent encore prendre le risque de jouer sur les écarts de rendements.
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