Le milliardaire exilé fiscal qui veut faire faire des économies à la Couronne

Cheveux gominés en arrière, doigts boudinés, montre de luxe au poignet : Philip Green incarne parfaitement la caricature du milliardaire flamboyant. Le fait qu'il ne paie presque pas d'impôts, l'essentiel de sa fortune étant versé à sa femme résidant à Monaco, parachève le tableau.C'est un étrange choix du Premier ministre britannique David Cameron que d'avoir demandé au propriétaire d'Arcadia (groupe de textile qui comprend l'enseigne Topshop) de s'occuper des affaires de l'État, en l'occurrence de remettre un rapport sur la façon dont l'État britannique dépense son argent, et particulièrement ses frais courants (papier, téléphone, hôtels, transports...). Sa conclusion : un gâchis total.L'encre de 99 à 456 eurosPremier exemple avec la facture de téléphonie fixe, qui coûte environ 2,3 milliards d'euros par an, auprès de nombreux fournisseurs différents. Philip Green pense que le prix peut être baissé de 30 % à 40 % en centralisant les commandes. Quid des quelque 400.000 chambres d'hôtel utilisées chaque année par le gouvernement rien qu'à Londres ? Leur prix oscille entre 88 euros et 134 euros la nuit. Réduire les nuits d'hôtel par deux en recommandant l'utilisation de la vidéo conférence pourrait économiser 57 millions d'euros.Ce qui agace particulièrement le milliardaire, connu pour son contrôle strict des coûts dans ses entreprises, est le manque de centralisation. Ainsi, la même cartouche d'encre coûte entre 99 et 456 euros, suivant les ministères ; une voiture de location de même standard entre 31 et 139 euros par jour et le prix de la tasse de café oscille entre 1,03 et 1,66 euro...Combien cela permettra-t-il d'économiser ? Philip Green refuse d'avancer un chiffre, soulignant l'absence de données centralisées. Son petit rapport ? présenté dans un style PowerPoint, et réalisé en moins de deux mois ? semble indiquer environ 10 milliards de livres (11,5 milliards d'euros) d'économies, sur un total de 191 milliards de livres de dépenses.Le problème est que ce rapport n'est guère nouveau. Le gouvernement travailliste en a commandé plusieurs similaires, qui ont identifié des problèmes presque identiques. La difficulté est l'application des recommandations. C'est le gouvernement de David Cameron qui doit désormais s'y atteler. Philip Green, lui, n'aura pas à s'en préoccuper: il sera probablement trop occupé à éviter de payer des impôts...Éric Albert, à Londre
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