Les fonds de LBO "pur sucre", une espèce en voie de disparition ?

Les \"pure players\" du LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement) ont mangé leur pain blanc. Dernière preuve en date : le lancement, par le géant américain KKR, de deux fonds qui n\'ont pas grand-chose à voir avec son métier de base. Le premier fonds investira dans les obligations à haut rendement et le second, dans des titres de dette décotés. De plus, contrairement aux fonds de LBO traditionnels de KKR, ces deux fonds-là seront souscrits, non pas par des investisseurs institutionnels, mais par des particuliers. Dotés d\'une certaine fortune, certes, puisque les seuils minima d\'investissement s\'élèveront respectivement à 2.500 dollars et à 25.000 dollars.Un marché des LBO en repli de 7%Pourquoi KKR, qui avait acquis ses lettres de noblesse grâce au fameux LBO de 25 milliards de dollars sur le conglomérat américain JR Nabisco en 1988, sort-il des frontières du rachat d\'entreprises avec effet de levier? Tout simplement parce que le marché du LBO n\'est plus ce qu\'il était. Loin de l\'euphorie des années 2005 à 2007, il a fléchi de 7% au cours des neuf premiers mois de 2012, à l\'échelle mondiale, à 190 milliards de dollars, selon Thomson Reuters. La faute à la volatilité des marchés boursiers, qui rend toute valorisation d\'entreprise délicate et retarde donc les accords entre vendeurs et acquéreurs sur le prix de cession. La faute, également, à la raréfaction du crédit bancaire, qui est le nerf de la guerre dans le financement des LBO.Carlyle et Apollo ont précédé KKR dans la diversificationConséquence, les fonds de LBO, qui voient leurs résultats chuter et leurs actionnaires perdre patience, s\'efforcent de se diversifier. Les américains Carlyle et Apollo ont précédé KKR dans cette voie, en se développant notamment dans l\'immobilier. La pierre a elle aussi les faveurs du mastodonte Blackstone, lequel s\'est également diversifié dans l\'investissement dans les \"hedge funds\" (fonds spéculatifs) et dans le conseil en fusions et acquisitions, jusqu\'alors chasse gardée des banques d\'affaires.Le risque de conflits d\'intérêtsCe n\'est pas seulement pour rééquilibrer leurs activités que les fonds de LBO se diversifient dans d\'autres types d\'investissement, mais également pour accroître le montant des actifs qu\'ils gèrent et, partant, la taille de leurs commissions de gestion. Celles-ci ont en effet pour avantage de constituer des revenus récurrents. Le revers de la médaille de cette tendance à la diversification, c\'est que des conflits d\'intérêts risquent de naître au sein de ces fonds qui ne sont plus seulement axés sur les LBO, mais jouent également le rôle de conseil en fusions et acquisitions, voire de courtiers sur les marchés actions. D\'où la nécessité de dresser des \"murailles de Chine\", comme sont censées le faire les banques d\'investissement entre leurs différents départements.
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