Angela Merkel en visite au Portugal pour défendre la rigueur

L\'accueil pour le moins hostile des Grecs le mois dernier (voir la vidéo ci-dessous) n\'a visiblement pas dissuadé Angela Merkel de continuer à prêcher la bonne parole dans les pays bénéficiant d\'un plan de soutien de la zone euro. La chancelière allemande est arrivée peu avant midi pour une visite de six heures à Lisbonne où elle vient témoigner son soutien à son homologue conservateur, Pedro Passos Coelho.Des statues couvertes de noir en signe de deuilA l\'occasion de cette venue, des Portugais hostiles à la politique d\'austérité défendue par Angela Merkel ont recouvert une dizaine de statues de Lisbonne de banderoles noires et sur internet, une campagne exhorte les Portugais à se vêtir de noir en signe de deuil. Des affiches placardées sur des murs de la capitale portugaise représentent Pedro Passos Coelho, Angela Merkel et Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), dans un décor de casino avec cette légende : \"Nous payons, ils jouent, les banques gagnent\". Angela Merkel ne devrait toutefois pas subir un accueil aussi hostile que récemment en Grèce, où son déplacement en octobre a donné lieu à des comparaisons avec l\'Allemagne nazie et à des affrontements entre manifestants et forces de l\'ordre. Une manifestation anti-Merkel en Grèce..... par nocommenttvLe Portugal, soumis à une rude cure d\'austérité, est régulièrement cité en exempleLe Premier ministre portugais soumet ses concitoyens à une rude cure d\'austérité, qui se traduit par des coupes claires dans les dépenses publiques et des hausses d\'impôts destinées à obtenir une aide internationale de 78 milliards d\'euros accordée au printemps 2011. Cet après-midi, Angela Merkel doit rencontrer le président Anibal Cavaco Silva et le premier ministre Pedro Passos Coelho avant de s\'exprimer devant des chefs d\'entreprise. Insistant sur la nécessité d\'un rétablissement des comptes publics pour retrouver la croissance, elle cite fréquemment le Portugal en exemple pour les autres pays de la zone euro confrontés à des difficultés budgétaires. \"Le Portugal respecte très bien les engagements qu\'il a acceptés\", a-t-elle ainsi déclaré dimanche sur l\'antenne de la chaîne publique portugaise RTP.Policiers anti-émeutes à LisbonneDes centaines de policiers ont été déployés et bloquaient la circulation autour du palais présidentiel. Des policiers anti-émeutes se tenaient prêts à intervenir en cas de débordement. En fin de matinée, seuls une dizaine de manifestants étaient toutefois rassemblés sous une banderole sur laquelle on pouvait lire: \"Pour le droit de travailler, pour le droit d\'être en colère\". \"Je suis là car je ne veux pas que le Portugal devienne une colonie\", a dit Alcides Santos, ingénieur informatique au chômage âgé de 46 ans. Le principal syndicat portugais, la CGTP, a prévu dans l\'après-midi, un défilé \"en défense de la souveraineté nationale\" en opposition à Mme Merkel, perçue comme imposant ses vues au gouvernement portugais.Effritement du consensus au sein même de la classe dirigeante portugaise Signe de l\'effritement du consensus au sein même de la classe dirigeante portugaise sur le bien-fondé de la politique d\'austérité, qui doit conduire le pays à une troisième année consécutive de récession en 2013, le quotidien des milieux d\'affaires Diario Economico condamne la voie suivie par le gouvernement sous la pression de l\'Allemagne. \"Merkel a fait du Portugal le Frankenstein de l\'économie\", écrit le journal dans un éditorial.Début de l\'examen de la TroïkaLa visite d\'Angela Merkel coïncide avec le début de l\'examen trimestriel de la situation économique du Portugal par la \"troïka\" des bailleurs de fonds internationaux du pays (Union européenne, BCE et Fonds monétaire international). Cet examen, nécessaire à la poursuite du versement de l\'aide internationale, devrait durer deux semaines. La récession entraînant des recettes fiscales inférieures aux prévisions, la \"troïka\" a d\'ores et déjà accepté d\'assouplir les objectifs de rétablissement des comptes publics du Portugal. La mission de la troïka, qui doit durer environ une semaine, doit aboutir, en cas de succès, au versement d\'une nouvelle tranche d\'aide de 2,5 milliards d\'euros.Une spirale récessiveL\'opposition de gauche juge que cette politique de rigueur plonge le Portugal dans une spirale récessive. \"La voie de l\'austérité est défendue et exigée par Mme Merkel et elle dispose d\'un bon praticien au Portugal, le Premier ministre\", a dit Antonio José Seguro, secrétaire général du Parti socialiste. \"C\'est insensé : cela mènera le Portugal à la pauvreté.\"Pedro Passos Coelho attribue, lui, la crise de la dette portugaise aux dépenses inconsidérées des précédents gouvernements et juge que la seule option est de respecter les objectifs d\'assainissement budgétaire. \"Aujourd\'hui, nous serions confrontés à des difficultés beaucoup plus fortes si nos partenaires européens, notamment l\'Allemagne, ne nous avaient pas aidés en nous accordant ces crédits\", a-t-il dit la semaine passée. \"Austérité à tout prix\" La coalition de M. Passos Coelho vient d\'adopter un projet de budget pour 2013 marqué par une nouvelle hausse généralisée des impôts. Dans la foulée, le chef du gouvernement a annoncé son intention de couper 4 milliards d\'euros supplémentaires dans les dépenses publiques d\'ici à la fin 2014. \"La raison pour laquelle le Portugal a aujourd\'hui besoin d\'augmenter les impôts et de couper dans les dépenses publiques ne découle d\'aucune exigence de Mme Merkel, mais de politiques erronées qui ont accumulé trop de déficits et trop de dette\", a déclaré M. Passos Coelho.
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