Débat sur l'énergie : la fronde contre Delphine Batho s'amplifie

« Provocation », « sinistre farce », « risque d\'échec dramatique pour le pays ». Les ONG comme Greenpeace, Sortir du Nucléaire ou la Fondation Nicolas Hulot (FNH) s\'indignent. Et haussent le ton, certaines, comme Greenpeace, s\'interrogent sur le maintien de leur participation au futur grand débat sur l\'énergie qui commence le 20 novembre et doit déboucher en juin sur une loi de programmation. Greenpeace devrait se prononcer après son entretien ce lundi avec la ministre de l\'énergie, Delphine Batho, déjà en difficulté après le rejet de la loi sur la tarification de l\'énergie par le Sénat.Alain Grandjean va-t-il boycotter le débat ? Après les critiques du week-end qui ont principalement porté sur la présence de deux « farouches partisans » du nucléaire (Anne Lauvergeon et Pascal Colombani, ex patron du CEA) dans un comité de six membres (en comptant la ministre Delphine Batho qui préside), la Fondation Nicolas Hulot attaque aujourd\'hui le fond. Ce qui mène à s\'interroger sur la décision que va prendre Alain Grandjean, membre du comité stratégique de FNH, pressenti pour diriger le comité d\'experts qui doit accompagner également ce débat.Des nominations mais pas de rôle défini !« Transparence, pluralisme, représentativité et indépendance » ne sont pas au rendez-vous, assène la Fondation Nicolas Hulot. « Un profond malaise entache le débat, avant même son commencement », assure-t-elle. « Déterminer la composition du comité de pilotage avant même d\'avoir statué sur ses missions laisse planer le doute sur sa capacité à assurer une représentation juste, impartiale et transparente des différents points de vue », écrit l\'ONG dans un communiqué. La FNH demande au gouvernement de définir le « rôle exact et les moyens donnés à ce comité de pilotage ».\"Seuls représentants des entreprises : des producteurs d\'énergies sales\"Quant au pluralisme, déplorant que 2 membres sur 5 de ce comité soient issus « du monde de l\'énergie atomique, alors que celle-ci ne représente que 30% de notre mix énergétique actuel », la Fondation Nicolas Hulot demande que soit revue la composition du comité de pilotage. « afin qu\'il y soit a minima ajouté des représentants des énergies renouvelables, de l\'efficacité énergétique et des consommateurs ». « On peut noter que le secteur de l\'entreprise est uniquement représenté sous l\'angle des producteurs d\'énergies sales, alors même que la transition énergétique concerne et bénéficie aux producteurs d\'énergies renouvelables et aux entreprises spécialisées dans les économies d\'énergie. Il s\'agit là d\'un autre mauvais signal », déclare de son côté Greenpeace.\"Pas de spécialiste des débats publics\"Sur la représentativité, la FNH s\'inquiète qu\' »aucun spécialiste des débats publics » ne soit présent dans l\'actuel comité de pilotage. Un tel profil garantirait « une participation effective de toutes les parties prenantes et notamment des citoyens. C\'est la condition sine qua non à la juste représentation de tous les points de vue », écrit l\'association. Delphine Batho a déjà répondu par anticipation à cette critique en déclarant dans le Monde du week-end que Bruno Rebelle, ex responsable de Greenpeace France, membre du comité, « est un expert en conduite participative ». Les deux autres « personnalités » choisies sont Jean Jouzel, climatologue et Laurence Tubiana, directrice de l\'Institut du développement durable et des relations internationalesQuelle indépendance avec la ministre qui préside ?Pire, selon la FNH, la présidence du comité sera assurée par la ministre elle-même, ce qui pose la question de l\'indépendance de cet organe. « Le rôle du gouvernement sera d\'arbitrer, une fois les recommandations des différentes parties prenantes reçues à l\'issue du débat, pour construire la nouvelle stratégie énergétique de la France », rappelle l\'association. Le comité de pilotage « doit impérativement être découplé de l\'autorité exécutive afin d\'assurer son indépendance et la juste prise en compte des différentes recommandations », écrit la FNH.L\'autorisation d\'ITER fait voir rouge aux VertsLa parution samedi au Journal officiel de l’approbation par l’Autorité de sureté nucléaire du projet de décret autorisant la création d’Iter, le réacteur expérimental international à fusion nucléaire en construction près du site de Cadarache (Bouches-du-Rhône) a rajouté au mécontentement. Europe Ecologie les Verts (EELV) a estimé dimanche que le gouvernement avait pris \"deux décisions inquiétantes\", sur Iter et sur les nominations au comité de pilotage du débat sur l\'énergie. Le parti écologiste \"rappelle son opposition ferme et résolue à Iter\", projet \"très centralisé, productiviste\" qui \"n\'a fait l\'objet d\'aucune évaluation scientifique contradictoire\".  
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