L'affaire Arcelor-Mittal ou comment la politique industrielle devient farce !

La façon dont le gouvernement, et plus particulièrement son « Redresseur », ont cloué Arcelor-Mittal au pilori est consternante. Si cette affaire ne fait plus la « une », nos partenaires européens, les investisseurs d\'Europe et d\'ailleurs, continuent de nous regarder ébahis, se demandant comment le gouvernement de la France, et jusqu\'au plus haut sommet de l\'Etat, ont ainsi pu faire le lit d\'une dérive qui nous rapproche dangereusement des outrances de Hugo Chavez.Certes, et pour tordre le coup à toute ambiguïté, il est normal d\'exiger qu\'Arcelor-Mittal respecte ses engagements, qu\'il s\'agisse des hauts fourneaux de Florange, du projet Ulcos ou de tout autre projet. L\'économie de marché n\'est pas, pour reprendre le mot de Montalembert, la « liberté du Renard libre dans le poulailler libre ». De même, on comprend la terrible inquiétude des salariés de Florange.Il reste, alors que cette quasi « affaire d\'Etat industrielle » rentre dans une phase plus apaisée, qu\'il n\'est pas inutile de commencer à en discerner les leçons. Et là, nous sommes frappés par le caractère consternant du spectacle offert par le pouvoir en place, et plus généralement par notre classe politique.Consternante, cette cacophonie permanente, où les rumeurs ont succédé aux prises de position. Où un ministre a prôné \"blanc\" un matin, cependant qu\'un autre lui répondait \"noir\" l\'après-midi. Où un ministre a pu dépasser toutes les limites acceptables, alors même que le premier ministre négociait, dans son dos, un accord différent.Consternante, la tragique superficialité avec laquelle on a foulé au pied des principes aussi fondateurs de notre régime politique, économique et social que le droit de propriété, lequel figure, souvenons-nous en, à l\'article 17 de la Déclaration des Droits de l\'Homme et du Citoyen. Il est vrai qu\'en la matière, la gauche a le tournemain, elle qui, en 1981, du temps de Messieurs François Mitterrand, François Hollande et Jacques Attali, \"soviétisa\" une partie de notre économie.Consternante, cette habitude décidemment tenace, dans laquelle Nicolas Sarkozy s\'est enfermé, qui a consisté à substituer l\'émotion et la précipitation désordonnée à une analyse lucide des raisons pour lesquelles telle ou telle industrie souffre. Où est Arnaud Montebourg quand, telle ou telle petite entreprise, doit licencier ? L\'émotion, comme la politique industrielle, est décidément sélective...Consternante, la démagogie de la droite et du centre, dont Jean-Louis Borloo et Henri Guaino en particulier, se sont fait les sinistres héraults, quand il s\'est agit de faire entendre sa voix avec Arnaud Montebourg et tous ceux qui croient que rudoyer Arcelor-Mittal tient lieu de politique industrielle.Consternante, la tragique inconséquence qui a consisté un jour à vilipender Mittal, le lendemain à dérouler le tapis rouge pour Amazon, à prétendre nationaliser une entreprise sans en avoir le premier sou, contrainte budgétaire oblige, à se vouloir moderne en soutenant une industrie du 19ème siècle...N\'en jetez plus !Tout ceci n\'est pas nouveau. Et pour ceux qui ont la mémoire courte, nous rappellerons ici que ce psychodrame autour de Mittal a une histoire. Déjà, en 2006, Messieurs Chirac, Villepin et Breton s\'étaient dressés contre l\'arrivée de Lakhsmi Mittal. Une réunion hebdomadaire se tint même à Bercy, pendant quelques semaines, avec pour seul objet de lui mettre des bâtons dans les roues.Le résultat de tout ceci est accablant. Alors que la France est confrontée à des défis immenses, de l\'extrême-gauche et jusqu\'à l\'extrême-droite, notre classe politique oublie que notre pays n\'est pas une île, qu\'il a besoin de capitaux étrangers pour se développer.Car quel message la France a-t-elle envoyé, quelques semaines après la publication du rapport de Louis Gallois ? Un message qui résonnera durablement aux investisseurs potentiels comme une menace directe. Un message profondément dépassé, qui réveille chez nos partenaires, en particulier l\'Allemagne, les pires craintes. A quoi bon investir si, demain, par un mouvement arbitraire, une nationalisation intervient ? A quoi chercher à construire une Europe économiquement forte, à sauver la zone euro, avec un pouvoir en France si objectivement archaïque ?A la vérité, Arnaud Montebourg et ceux qui le soutiennent ont tout faux. Dans un monde ouvert, où les hommes et les capitaux circulent, où notre endettement nous interdit des nationalisations farfelues, c\'est par l\'excellence de nos productions, notre capacité à nous remettre en cause, notre confiance - légitime - en notre esprit d\'innovation, le développement patient et sans naïveté d\'une politique industrielle et de la concurrence européennes que nous nous en sortirons. Nous ferons prochainement des propositions concrètes en ce sens, comme dernièrement sur l\'exploitation en France du gaz de schiste.Le pouvoir en place et ceux qui soutiennent sa politique ont voulu nous donner l\'impression que Mittal instrumentalisait Florange. Nous finissons par penser que c\'est l\'inverse qui s\'est produit : l\'instrumentalisation de cette affaire par un pouvoir et une classe politique qui veulent ainsi masquer la tragique vacuité de leur politique industrielle. Dès lors, il est à craindre que d\'autres « affaires Mittal » ne se produisent bientôt.(*) Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, d\'entrepreneurs, d\'économistes et de professeurs d\'Universit頠
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