En Tunisie, la rue dénonce aussi la main mise du clan Trabelsi

L'enchaînement manifestation répression en Tunisie a fini par contraindre Paris à sortir de sa réserve. Le Premier ministre François Fillon s'est alarmé jeudi de « l'utilisation disproportionnée de la violence ». La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) évalue à 66 le nombre de personnes ayant perdu la vie dans tout le pays depuis la mi-décembre. Comment expliquer l'ampleur de la révolte dans un pays longtemps présenté comme un modèle de développement au Maghreb ? Le miracle tunisien ne serait-il qu'un mirage ? La Tunisie est le bon élève des institutions multilatérales depuis de nombreuses années. Au printemps 2010, le chef de la division du département Moyen- Orient du FMI louait les performances macroéconomiques « plus qu'honorables » de la Tunisie qui avait traversé la crise économique mondiale sans trop de dégât avec une croissance de plus de 3 % en 2009. Le développement économique de la Tunisie s'est appuyé pour une large part sur l'extérieur. Le secteur du tourisme représente 7 % à 8 % du PIB et emploie 400.000 personnes. L'industrie manufacturière - textile, assemblage, matériel électrique - est très tourné vers les exportations et dépend pour une large part des investissements étrangers. Le stock de ces derniers est ainsi passé de 11,5 milliards de dollars en 2000 à 31,8 milliards en 2009, selon la Cnuced.« Quasi mafia » Ce modèle de développement extraverti a permis à la Tunisie d'afficher une croissance tout à fait honorable (4,5 % l'an en moyenne sur la décennie écoulée) mais insuffisante pour absorber l'arrivée des jeunes sur le marché du travail. Le taux de chômage officiel est de 13% mais les spécialistes pensent qu'il est deux fois plus important. La mainmise du clan de Leila Trabelsi, la femme de Ben Ali, sur des pans entiers de l'économie suscite également la colère. Un télégramme de l'ambassade des États-Unis à Tunis révélé par Wikileaks qualifiait l'entourage familial du président de « quasi mafia ». « La famille Trabelsi est omniprésente dans la banque, le transport, l'hôtellerie, l'immobilier, l'éducation, la distribution d'automobile », confirme Catherine Graciet qui a récemment publié avec Nicolas Beau La régente de Carthage (La Découverte). Xavier Harel
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