L'immobilier commercial américain séduit la Chine

Dans l'un des quartiers les plus recherchés de Manhattan, China Investment Corp (CIC) vient d'adresser un signal fort. Le fonds souverain chinois, doté de quelques 300 milliards de dollars, a acquis une participation dans un immeuble situé au 650, Madison Avenue, de 55.000 mètres carrés de bureaux et commerces, qui abritent notamment le siège social de Ralph Lauren. Les détails financiers de cette opération n'ont pas filtré. Il s'agit cependant du premier investissement direct du fonds dans un immeuble de bureaux en Amérique du Nord dont l'existence est révélée publiquement, explique Carlos Thypin, analyste chez Real Capital Analytics.Jusqu'à présent, les investisseurs chinois sont restés relativement à l'écart du marché de l'immobilier commercial aux États-Unis. L'an passé, le groupe SouFun Holdings a certes racheté une tour dans le sud de Manhattan, appartenant jusqu'alors à l'assureur américain AIG, pour 46 millions de dollars. Mais au total, seulement 127 millions de dollars en provenance de Chine ont été investis dans ce secteur. Un montant certes en forte hausse par rapport à 2009 (18 millions de dollars) mais qui ne représente qu'une goutte d'eau parmi les investissements directs étrangers, qui ont atteint près de 7 milliards de dollars, selon les données de Real Capital. Ces chiffres ne prennent cependant pas en compte les transactions réalisées par l'intermédiaire de fonds immobiliers auxquels ont eu recours « à de nombreuses reprises » des acheteurs chinois, nuance Carlos Thypin.Alors que de nombreux investisseurs américains se retirent de l'immobilier commercial, leurs homologues chinois s'y intéressent de plus en plus. Notamment parce que les prix ne remontent toujours pas. Selon Moody's, ils ont même touché en août leur plus bas niveau depuis 2002, avant de progresser légèrement en fin d'année. Fin 2010, ils restaient malgré tout inférieurs de 42 % au pic atteint en octobre 2007. Un immeuble de bureaux se négocie ainsi en moyenne 27 % moins cher qu'il y a deux ans. Depuis sa création en 2007, « CIC souhaite pénétrer les marchés immobiliers étrangers et cherche donc des opportunités dans les grandes villes », explique à l'agence Bloomberg Pau Lin, directeur du cabinet de recherche chinois Knight Frank. « Le fonds est très puissant mais il ne sera pas très agressif. Il ne cherche pas à prendre le contrôle de la majorité de Manhattan », a assuré le responsable. Mais « il y a toutes les raisons de penser qu'il va être de plus en plus présent sur le marché américain », avance en revanche Jeffey Lenobel, de la firme d'avocat Schulte Roth & Zabel. Durant l'été, CIC aurait ainsi entamé des discussions avec l'université d'Harvard afin de mettre la main sur plusieurs participations dans divers projets immobiliers. Une transaction estimée à 500 millions de dollars par le « Wall Street Journal » mais qui n'a jamais abouti. Le fonds est également monté à hauteur de 7,6 % dans le capital de General Growth Properties, le deuxième propriétaire américain de centres commerciaux.Les Chinois ne sont pas seuls : des fonds koweitiens et coréens devraient également être très actifs au cours des prochaines années, préviennent les spécialistes du secteur.
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