L'Élysée peaufine son agenda social

À quatorze mois des élections présidentielles, l'Élysée affine sa stratégie pour répondre aux attentes des Français. Après avoir subi la crise économique, ceux-ci pâtissent maintenant du regain d'inflation. Le pouvoir d'achat, à côté de l'emploi, redevient une préoccupation essentielle des ménages. L'exécutif est conscient de ces attentes. En conséquence, outre le chantier annoncé de la dépendance et celui de l'emploi des jeunes, la nouvelle équipe élyséenne très « éco-soc » prend à bras-le-corps cette question du pouvoir d'achat. Xavier Musca, ex-conseiller économique, désormais secrétaire général de l'Élysée, épaulé par Jean Castex, qui a succédé fin 2010 à Raymond Soubie comme conseiller social, savent aussi qu'ils vont devoir être imaginatifs car les leviers d'action sont moindres en période de reprise qu'en pleine crise. Autrement dit, étant donné les contraintes budgétaires, pas question de revenir devant les Français avec des aides exceptionnelles financées à crédit. Le gouvernement s'orienterait donc plus sur une série de petites mesures qui, mises bout à bout, montreraient que l'exécutif se préoccupe de ces questions. La logique étant que ces dispositions comme dans le cas de la loi de modernisation de l'économie (LME) ne pèsent pas sur le budget de l'État tout en ayant un impact sur le pouvoir d'achat. Faible évolution des salaires Ainsi, une relance de la participation figure au programme de travail de Xavier Bertrand. La commande vient du chef de l'État lui-même. Début mars, Nicolas Sarkozy s'est inquiété de la faible évolution des salaires par rapport aux dividendes, suggérant même de bloquer à un certain niveau les dividendes versés. Même si rien n'est aujourd'hui arbitré, un aménagement du dispositif actuel de la participation pourrait figurer dans le collectif budgétaire de juin réformant la fiscalité du patrimoine et l'ISF. Agir sur le pouvoir d'achat, c'est aussi agir sur les prix des biens et des services et sur les questions de concurrence. Cette tâche échoit à Frédéric Lefebvre. L'idée étant de repérer dans le « panier de la ménagère » les produits dont les prix bougent ou pèsent beaucoup. Le gouvernement pourrait être ainsi tenté de répliquer l'exemple du tarif social pour la téléphonie mobile.L'agenda social de l'Élysée ne se limite pas aux mesures destinées à rassurer les Français. Il s'agit aussi de tourner la page de la réforme des retraitres et de renouer le dialogue avec les organisations syndicales. Depuis le début de l'année, le chef de l'État a repris langue avec les partenaires sociaux, les recevant chacun à leur tour. Le gouvernement table d'ailleurs sur une acceptation progressive de la réforme et parie qu'elle sera, à terme, mise au crédit du président. Quant à la radicalisation des positions de certaines organisations, elle n'inquiète que modérément le pouvoir. Les observateurs y voient surtout une conséquence de la loi de 2008 sur la représentativité syndicale, propice à la surenchère avant les élections professionnelles à venir.
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